Que répondrons-nous ?

Homélie du frère Thomas-Marie Gillet – 5e Dimanche de Carême

Chers frères et sœurs,

Alors que nous nous apprêtons à clôturer dans les prochains jours la quarantaine du Carême, nous devons dans le même temps nous préparer à affronter la prolongation d’une quarantaine sanitaire dont on ne sait pas vraiment quand elle prendra fin, dans l’Octave de Pâques, peut-être, très probablement au milieu du temps pascal… Or le message d’espérance et de joie que nous offre l’évangile d’aujourd’hui pour accueillir Pâques, doit être le même qui soutient notre force et notre patience en ces temps de confinement, en ces temps d’inquiétude pour nous-même et pour nos proches.La résurrection de Lazare est la parabole et la prophétie de victoires futures sur la mort et tous ses avatars. Le Christ est venu « pour que nous ayons la vie, et la vie en abondance » (cf. Jn. 10, 10) et il nous le répète par la voix du prophète Ezéchiel : « Je vais ouvrir vos tombeaux et je vous en ferai remonter, ô mon peuple […] » (Ez. 37, 12). Pour faire jaillir la vie voilà ce que le Seigneur demande au peuple : la foi, l’espérance et la foi en actes, la charité.

C’est Marthe qui fait acte de foi : « Oui, Seigneur, je le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde. » (Jn. 11, 27). Mais tout en prononçant cette phrase, Marthe ne saisit pas la portée de ce qu’elle professe, « […] tu es celui qui vient dans le monde »… En réalité, elle n’a pas compris que la lumière et la vie sont déjà advenues pour le monde. Elle pense à un temps futur encore mais en réalité ce temps a déjà commencé. Ce futur qu’elle attend, se trouve devant elle : « Je sais que [mon frère] ressuscitera (futur) à la résurrection, au dernier jour. » (Jn. 11, 24). Et Jésus de lui répondre : « Moi, je suis (présent) la résurrection et la vie. » Marthe ne saisit pas vraiment que Jésus fait advenir le futur dans le présent, dans son présent. Jésus l’aide à croire cela en transformant son savoir sur la résurrection future en une foi en Lui qui est « la résurrection et la vie ». Le savoir de Marthe se transforme en une foi en Jésus. L’enjeu est le même pour nous, croire que la vie que Jésus promet, et promet en abondance, est déjà là présente et efficace et pas seulement dans un futur lointain. Il est aujourd’hui pour nous la résurrection et la vie !

L’espérance c’est celle que porte la prière. Celle du psalmiste d’abord : « Des profondeurs je crie vers toi, Seigneur, Seigneur, écoute mon appel ! Que ton oreille se fasse attentive au cri de ma prière ! […] J’espère le Seigneur de toute mon âme ; je l’espère, et j’attends sa parole. Mon âme attend le Seigneur plus qu’un veilleur ne guette l’aurore. » (Ps. 129, v. 1-2.5-6). Jésus aussi prie le Père : « Père, je te rends grâce parce que tu m’as exaucé. Je le savais bien, moi, que tu m’exauces toujours » (Jn. 11, 42). Jésus a une confiance absolue dans le Père parce qu’il fait toujours ce qui plaît au Père (cf. Jn. 4 34 : « Ma nourriture c’est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé »). Il sait combien ce qu’il demande est conforme à la volonté du Père et c’est pour cela précisément qu’il est toujours exaucé. De ses disciples il attend la même confiance dans la prière grâce à une intimité entre le Maître et le disciple toujours plus grande.

La foi en acte, la charité, c’est peut-être Thomas qui nous la manifeste. À l’annonce de la mort de Lazare et du voyage vers Béthanie, sans hésiter, l’apôtre incrédule mais enthousiaste, n’hésite pas à encourager les autres : « Allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui ! » (Jn. 11, 16). Et, peut-être je m’égare, mais cette parole de Thomas évoque pour moi tous les gestes de solidarité dont la crise que nous traversons nous rend témoins. Je pense en premier lieu évidemment au personnel soignant, mais aussi aux commerçants, à ceux qui nous permettent de ne pas manquer du nécessaire, et encore à ces voisins qui chantent sur leur balcon pour rendre la solitude moins aride. Celui qui est la résurrection et la vie attend de nous que nous soyons ses témoins et que nous nous faisions à notre tour passeurs de vie.

Après avoir affirmé, « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. » (Jn. 11, 25-26), Jésus demande à Marthe : « Crois-tu cela ? ». Sous le triple aspect de la foi, de l’espérance et de la charité, c’est la même question qui est adressée aujourd’hui aux disciples que nous sommes : « Crois-tu que le Christ est ressuscité et qu’Il est le maître de la Vie ? », « Crois-tu qu’Il peut se rendre proche de toi dans l’intimité de la prière et faire des miracles pour toi ? », « Crois-tu qu’Il a vraiment besoin de toi pour répandre son amour ? »… Que répondrons-nous ?…

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