« Puis-je vivre par-delà la mort ? »

Homélie de carême pour le 2 avril 2020 : Gn 17,3-9 ; Jn 8,51-59, par le fr. Christian Eeckhout, op

Aujourd’hui, même si nous sommes proches, même si nous sommes frères, ne sommes-nous pas à distance ? Et même plus, le prochain ne reste-t-il pas un mystère ?

Qui est-il ? Comment le connaître ? En ce temps, quelle rencontre pouvons-nous faire ? L’écouter, le voir vivre, en marcher en sa présence (cf. Gn 17,1), lui faire confiance, m’apprendra bien quelque chose ?

En est-il de même avec Dieu ? Son mystère nous dépasse et nous ne voyons pas clairement qui Il est. Mais au moins Dieu parle. Il a de la conversation ! Avec Abram déjà : il reçoit de Dieu un nom nouveau : Abraham (Gn 17,5). Or le nom ne fait pas que désigner quelqu’un, mais le nom détermine la nature de cette personne. Oui ‘Abraham’ car tu seras « père d’une multitude de nations » (Gn 17,4.6). Dieu lui promet fécondité, une postérité – comme un arbre porte du fruit, – malgré son âge avancé. Ce don de vie est un engagement solennel, « mon alliance avec toi » (Gn 17,4). Et Abraham met sa confiance en une promesse humainement irréalisable. La foi d’Abraham est justement de croire en la capacité de Dieu de donner vie ! Abraham est l’exemple type de celui croit en la parole efficace de Dieu. Et il voit donc son fils Isaac, né de sa femme Sara. (Gn 17,19). Abraham vivra donc par-delà la mort dans sa postérité charnelle. Mais comme c’est « une alliance perpétuelle » (Gn 17,7.19), il se réjouit à nouveau en voyant le « Jour » du Seigneur, celui de l’ « Isaac spirituel », le fils promis par Dieu, Jésus. (Bible de Jérusalem, Cerf, Paris 2000, note f à Jn 8,56).

Dieu se laisse-t-il connaître davantage ? Oui, par l’écoute de « sa parole » (Jn 8,43.47.51) que Jésus a gardé et nous propose de garder à notre tour (Jn 8,52.55). Cette parole de Jésus est vivifiante, c’est sa promesse de « vie éternelle » (Jn 3,16 ; 6,40.47.54.58 ; 1 Jn 1,2). Jésus annonce qu’Il est, lui, la bonne nouvelle de cette alliance de Dieu qui faire vivre par-delà la mort, car la nature de Dieu est d’être. Etre de toujours à toujours, pour toujours le Vivant. Dieu est un « Je suis » permanent, qui subsiste hors espace-temps, l’Eternel. Jésus porte en lui-même ce nom divin (Jn 8,28.58). Les actions de toute sa vie nous permettent de l’accueillir avec confiance. Jésus nous apprend ainsi le mystère de son être : qui Il est et qui nous sommes. Nous, « poussière et cendre » (Gn 18,27), comme Abraham, nous existons dans le temps et l’espace et, par la foi au nom de Jésus, nous vivons par Lui (1 Jn 4,9), dans la vie du monde à venir (Symbole de Nicée-Constantinople), car Dieu fait vivre ! Il est notre première origine et notre fin ultime.

Le Corps du Christ grandit par toutes les générations de croyants à la suite d’Abraham.

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