Temps de retrait

Homélie du frère Rémy Valléjo – samedi 4 avril 2020

« Jésus se retira dans la région voisine du désert, dans une ville appelée Ephraïm, et il y séjourna avec ses disciples. » (Jn 11, 54)

Selon l’Évangile de ce jour, 

Jésus prend distance, part au désert et y séjourne, à l’écart, avec ses disciples.

Face à la mort

face à sa propre mort, 

une mort annoncée par ceux qui, à Jérusalem, veulent lui arracher la vie,

Jésus prend distance, part au désert et y demeure, à l’écart.

Jésus se rend à Ephraïm,

qui est aujourd’hui le lieu-dit de Taïbeh, village de Palestine aux confins du désert de Judée.

Or c’est précisément à Taïbeh que Charles de Foucauld, disciple de Jésus, accomplit sa retraite solitaire,

il y a déjà plus de cent ans, 

pour méditer le mystère de cette heure douloureuse de la vie du Christ,

seul face à la mort,

seul face à sa propre mort.


La retraite d’Ephraïm est une heure de solitude qui prélude non seulement celle de Gethsémani mais aussi celle du Golgotha.

C’est une heure d’abandon.


« Nul ne peut rien arracher de la main du Père,

Moi et le Père, nous sommes sont Un. » (Jn 10, 30)


D’après l’Évangile selon saint Jean,

Jésus n’a jamais cessé d’affirmer d’être UN avec son Père,

Cependant,

cette  réalité n’a jamais été aussi sensible qu’en ces heures d’Ephraïm, de Gethsémani et de Golgotha,  

quand  Jésus, au plus haut de sa douleur, s’abandonne entre les mains de son Père.


« On est jamais moins seul que lorsqu’on est seul avec Dieu. »
Selon cette parole longtemps attribuée à saint Bernard de Clairvaux,

mais qui fut écrite de la main de son disciple Guillaume de Saint-Thierry (Lettre aux frères du Mont-Dieu, dite la Lettre d’or),

la solitude est un mystère d’unité quand Dieu lui-même est la source même de notre être intérieur.
« On est jamais moins Un que lorsqu’on est Un avec Dieu. » 

La mort de Jésus, en son abandon douloureux et solitaire, n’a d’autre fin que « rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés » (Jn 11, 52).

Non pas seulement l’unité d’un rassemblement d’humanités éparses, 

mais l’unité vécue par tout un chacun dans son propre abandon à Dieu.

Au seuil de cette Semaine Sainte,

si singulière en ce temps de confinement,

puissions-nous vivre cette retraite de solitude où l’abandon de Jésus entre les mains de son Père et dans l’Esprit suscite l’unité de notre propre être intérieur en Dieu.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *