Noel un enfant nous es né

Un enfant nous est né, et quel enfant !

Aujourd’hui, nous célébrons la naissance d’un enfant, et nous avons beaucoup
de motifs de nous réjouir. Un enfant, c’est une source de vie, de fraîcheur, c’est un
petit être rempli d’énergie qui se lance dans le monde pour en découvrir les
richesses, les merveilles.
Et c’est aussi une source d’interrogation et d’espérance : que va devenir ce petit
d’homme, cette petite d’homme ? comment vont-ils répondre à leur façon à eux à
l’énigme de la condition humaine ? Comment vont-ils exercer leur métier d’homme,
de femme ? Que vont-ils faire de leur liberté ? Sauront-ils être heureux ?
Voilà pourquoi je crois que c’est une bonne chose qu’il y ait une crèche ou une
école primaire à côté d’un établissement pour personnes âgées : les cris des enfants
à la récréation rappellent aux vieillards que la vie n’est pas seulement déclin mais
aussi surgissement, et qu’elle continuera après eux. Et les jeunes enfants peuvent
apprendre des grands aînés, avec leurs cheveux blancs, leur peau ridée, leur
difficulté à marcher. Ils peuvent apprendre d’eux ce que c’est que de durer dans le
temps, ils apprennent la fidélité et la constance dans les hauts et les bas de la vie.
Mais Jésus n’est pas qu’un enfant de cette terre, il est humain et aussi divin.
Alors, certes comme toutes les naissances, sa naissance apporte du nouveau, mais
un nouveau comme on n’en a jamais vu et on n’en verra jamais plus.
Car après tout, on peut tomber dans le propos rassis de l’homme désabusé, tel
Macbeth, le personnage principal de la pièce de théâtre du même nom de
Shakespeare :
“Life’s but a walking shadow, a poor player, / That struts and frets his hour upon the stage,
/
And then is heard no more./ It is a tale/ Told by an idiot, full of sound and fury,
/Signifying nothing.”
« La vie est une ombre qui passe, un acteur médiocre qui s’agite et parade sur scène le temps
de son rôle, et puis qu’on n’entend plus. C’est une histoire racontée par un imbécile, remplie de
bruits et de fureur, qui ne veut rien dire »
« Vous cherchez le sens de la vie ? Ne cherchez pas : il n’y en a pas ». Une
réponse simpliste d’un homme qui a succombé au vertige face au gouffre du néant,
de la mort et du mal. Une réponse creuse en fait, que le simple cri d’émerveillement
d’un enfant suffit à rendre au vide auquel elle appartient : « Ô Seigneur, notre Dieu,

qu’il est grand ton nom par toute la terre ! Jusqu’aux cieux, ta splendeur est chantée par la bouche
des enfants, des tout-petits : rempart que tu opposes à l’adversaire, où l’ennemi se brise en sa
révolte. » [Psaume 8]. Et l’adversaire est définitivement brisé quand c’est la bouche de
l’enfant Jésus qui parle.
La naissance de Jésus dément ce propos désabusé. Macbeth se trompe, la vie a
un sens : elle est orientée vers un horizon merveilleux, la vie avec Dieu, la vie en
Dieu, la vie de Dieu : Dieu se fait homme pour que nous devenions Dieu.
Désormais notre vie, et toute vie, n’est plus condamnée à l’insignifiance, elle peut
être transfigurée en quelque chose de tellement grand et tellement intense qu’on ne
peut l’imaginer.
Je conclurai avec un autre vertige inverse du précédent et qui l’emporte
infiniment sur lui.
Vous vous promenez un soir d’été dans la campagne bourguignonne. Vous
levez les yeux et vous découvrez au-dessus de vous une coupole infinie parsemée
d’étoiles. Vous éprouvez alors un vertige, comme si vous alliez tomber dans le ciel,
comme si le ciel vous aspirait.
Le Verbe, en se faisant homme, rend le croyant participant de la vie divine, il
nous ouvre le Ciel. Et quel vertige nous saisit à cette pensée !
Oui, nous avons beaucoup de motifs de nous réjouir : un Enfant nous est né,
et quel Enfant !

Frère Franck Guyen op

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