« Il se lève de table, prend un linge… »

Homélie du frère Yves Habert – Jeudi saint 9 avril 2020

Sans doute que la désorganisation mondiale tuera plus dans le monde, surtout dans les pays pauvres, que le virus lui-même, mais tous, directement ou indirectement, nous avons été touchés.

Ce n’est pas Dieu qui envoie les virus, mais on connaît l’expression : « L’homme propose, Dieu dispose », expérience déroutante en ce temps d’épreuve. Tous nos plans, nos prévisions sont suspendues, tous nos beaux programmes renvoyés aux calendes grecques

Ne nous laissons pas contaminer par ces virus qui sapent notre joie de vivre… c’est l’heure de l’abandon et de la confiance en ce saint jeudi.

Question : Où trouver des sources de confiance ?

Les situations dramatiques épidémies, catastrophes, guerres sont souvent le terreau des plus belles qualités humaines. Tout un peuple d’infirmiers, médecins, ambulanciers, mais aussi tous ceux qui bossent malgré tout… ressuscitent cette vertu de l’héroïsme. Cet héroïsme collectif applaudit par des frères chaque soir. Le témoignage de ces anonymes rappelle ceux des soldats qu’on jetait dans les batailles : « C’est catastrophique, honteux de nous envoyer à la guerre comme en 14 » une infirmière de Sète

Remarquable, l’esprit de corps des services de santé, tout le monde est mobilisé.

On le sait ce sont des métiers à vocation du grand professeur à l’aide-soignante, un appel à dépasser son moi, se mettre au service du « prochain » (Mot d’Arielle Dombasle sur France info)

Les yeux de cette infirmière derrière son masque en me rendant auprès d’un mourant aujourd’hui. Cet héroïsme reste toujours extraordinaire, même s’il devient quotidien. Il révèle la personne à elle-même comme plus grande qu’elle-même.

L’esprit de sacrifice, parlons d’une manière plus actuelle : l’oubli de soi.

1ère source de confiance : cette extraordinaire générosité.

En ce saint jeudi : « Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve » Hölderlin (le romantique, souvent cité, les contradictions d’un système portent en elles la possibilité d’un dépassement)

Mais allons au bout de notre foi qui va et voit plus loin que l’homme.

Le Christ voit grandir le péril, pour lui, ses amis et va grandir ce qui sauve. Par des moyens surhumains ?

  • Vraiment le Christ vit de l’héroïsme des humbles : il n’a que de l’eau, une bassine, un linge. Mais aussi la force d’un appel qui vient du Père (Sachant que le Père…)
  • A travers l’humilité du geste, il veut se faire comprendre comme plus grand que lui-même. Une guerre pacifique pour sauver des vies, le prochain
  • Il se donne lui-même en oubli de soi « Ceci est mon corps » et nous enjoint de faire de même : « Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. » Jean 13, 14

2ème source de confiance, l’exemple, la valeur exemplaire du geste soulignée par le Christ lui-même.

Dans la foi, le geste du lavement des pieds dont nous faisons mémoire ce soir n’est ni le fruit d’une réflexion ou celle d’un fou, mais le fruit d’un amour libre et déroutant quelque chose qui domine l’histoire du genre humain.

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