Nativité de saint Jean-Baptiste

 Homélie du frère Benoît Ente

Les signes du désir de Dieu pour nous

J’étais encore dans le sein maternel quand le Seigneur m’a appelé ; j’étais dans les entrailles de ma mère quand il a prononcé mon nom. Ces mots ne concernent pas seulement le prophète Isaïe ou Jean-Baptiste. Il vous concerne aussi. Vous et moi. Tout être humain est le fruit du désir de Dieu. Vous, moi… Vous en doutez ? Regardez les signes que notre Père du ciel nous a donnés pour nous dire qu’il nous appelait à la vie. Des signes si évidents, si grands que nous ne les voyons plus. Le souffle qui vous habite, qui fait battre votre cœur et gonfler vos poumons, qui vous l’a donné ? La lumière de la conscience qui nous fait penser, vouloir, agir, souffrir, aimer, qui vous l’a donné ? Vos parents vous ont peut-être transmis une langue, des valeurs, le goût du sport, mais ce ne sont pas eux qui vous ont donné le souffle et la conscience. Ce sont les dons de Dieu, les signes qui indiquent que le créateur nous donne la vie et nous invite à la vie. Des signes qui nous accompagnent chaque jour et auxquels nous pouvons toujours nous attacher.

La vocation de Jean-Baptiste

Chaque être humain, homme et femme, Dieu connaît son nom et l’appelle à une vocation particulière. C’est-à-dire Dieu l’appelle à développer ce qui a été semé en lui et qui est unique. Or une plante pour grandir et s’épanouir a besoin d’espace, elle a besoin de s’affirmer. De même pour que grandisse ce que Dieu a semé en nous, il faut apprendre à s’affirmer face à l’inertie et à la lourdeur du monde. Une femme, Elisabeth s’affirme quand elle contredit son entourage et annonce « Non il s’appellera Jean ». Ce même Jean s’affirme aussi des années plus tard lorsqu’il défie le pouvoir du temple. Non seulement il propose une rituel alternatif aux innombrables et coûteux sacrifices imposés par la Loi, mais en plus il critique ouvertement, publiquement l’hypocrisie des chefs religieux.

Connaître sa vocation exige de s’affirmer. Mais avant cela, connaître sa vocation demande du temps, de l’écoute, le temps du désert là où Jean-Baptiste se réfugie. Car c’est un lieu propice à l’authenticité. Chercher sans cesse à faire coïncider sa vie vie avec ce que l’on pense, ce que l’on croit, ce l’on dit. Les foules se déplacent pour venir à Jean car elles voient que sa vie correspond à sa parole.

Pour connaître sa vocation, il faut du temps, beaucoup de temps et même il faut une vie. Notre vocation parfois prend un virage, mais en fait elle se dessine, s’affine, se précise avec les jours, les mois, les années. Et un rebondissement est toujours possible. C’est même plutôt un signe de vie. Voyez Jean-Baptiste, il proclame un baptême de conversion. Et, seulement à la fin de sa course comme le dit le livre des Actes des apôtres, rebondissement, il voit et il annonce l’arrivée du Messie. Le voici qui vient après moi, et je ne suis pas digne de retirer les sandales de ses pieds. Jean-Baptiste aura attendu la fin de sa vie terrestre pour découvrir le cœur de sa mission : préparer, annoncer l’avènement du messie, son cousin Jésus.

La vocation de Jésus

Jésus hérite de son cousin Jean. Il reçoit de lui un modèle stimulant de liberté, d’audace, de fidélité.  Tout cela, Jésus le fait sien. Et en même temps chez Jésus, le mouvement de fond est différent, nouveau car c’est un mouvement qui lui vient du Père et qui définit sa vocation propre.

Jean reste au désert et les foules se déplacent pour venir jusqu’à lui. Jésus, au contraire, quitte sa maison, son retranchement. Il s’expose et parcourt villes et villages. Il part à la rencontre du peuple juif. Et ce mouvement résume sa vie. Une vie marquée par le désir de rejoindre les hommes, le désir d’être à leur côté de partager leurs joies et leurs souffrances, leurs grands et leurs petits moments. Jésus veut être avec nous, à notre table, de notre côté pour nous annoncer la proximité d’un Dieu qui s’appelle Père, le Dieu de la communion fraternelle. Jésus n’a pas d’autre exigence que celle de son commandement nouveau, ultime, celui de l’amour.

Notre vocation

Jésus va demander à Jean d’être plongé dans l’eau du Jourdain pour symboliquement manifester aux yeux de tous son mouvement de descente dans le monde. Jean ne comprend pas. Dans un premier temps, il refuse. Finalement, il s’incline devant la demande de Jésus, même s’il ne la comprend pas. C’est là sa grandeur.

Jésus renouvelle pour nous aujourd’hui ce geste. Il vient à nous et se donne entièrement sur la table de l’Eucharistie pour que nous communions à son corps et à son sang. Rempli de l’Esprit Saint, nous devenons alors le sacrement offert pour la vie du monde.

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