Homélie du frère Franck Guyen – Vendredi 5 juin 2020
L’Évangile de ce jour nous rappelle la double filiation, le double héritage de Jésus, et cela résonne particulièrement en moi qui descends d’un père vietnamien et d’une mère française.
L’ange Gabriel avait déjà donné à entendre la double filiation de Jésus dans son annonce à la Vierge Marie : « Il sera grand et sera appelé fils du Très-Haut – Jésus est donc fils de Dieu ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père – Jésus est aussi fils de David ; ». Jésus a bien deux pères si l’on suit l’ange Gabriel.
On trouve dans la Bible d’autres personnages au double héritage. Ainsi Saul – Paul vit lui aussi une double ascendance comme le signifie son double prénom : Saul le juif et Paul le citoyen romain. Dans ce que nous les chrétiens nous appelons l’Ancien Testament, on trouve aussi un personnage très important au double héritage : Moïse qui avait deux mères, l’une juive et l’autre égyptienne.
Jésus unit en sa personne une double ascendance, comme il unit en lui les deux natures humaine et divine, indissolublement, sans mélange ni confusion ni dommage pour aucune d’entre elles : il n’est pas moins homme parce qu’il est Dieu, il n’est pas moins Dieu parce qu’il est homme.
Jésus, par sa double filiation, fait bouger les lignes entre Dieu et la création, il communique à notre commune nature humaine quelque chose de sa nature divine, il l’enrichit, il la féconde, il la rend sublime, divine – sans l’aliéner et encore moins sans l’anéantir – non, il l’amène à une perfection que nous ne pouvions même pas imaginer dans nos rêves les plus fous.
Jésus est 100% Dieu, 100 % homme – et cela n’est pas un problème pour lui.
Mais cela peut en être un pour nous qui aimons les choses bien rangées dans les cases, les frontières fixes entre les territoires, nous qui aimons les exclusives des « Ou bien .. ou bien.. ».
Alors peut-être avons-nous à entrer dans sa façon mystérieuse d’être, de vivre, lui qui aime les inclusives des « et… et… ».
Ainsi par exemple, Jésus qui aime les bons ET les méchants – il tient cela de son Père.