Homélie du frère Raphaël de Bouillé – Dimanche 14 février 2021
Nous avons tous, ici, une souffrance commune avec ce lépreux. Celle de manquer de contact humain, d’être saisi, d’être embrassé, d’avoir des contacts physiques. La première manière pour un nouveau-né de savoir qu’il est aimé, n’est pas de l’allaiter. C’est d’être tenu contre soi. Les couples qui accueillent un enfant pratiquent de plus en plus le peau contre peau avec le nouveau-né. On place l’enfant nu contre le torse nu d’un de ses parents, pour qu’il reçoive chaleur et affection de ce parent. J’ai même un couple d’amis qui se chamaillent pour savoir qui pourra placer le nouveau-né contre son torse. Ils se chamaillent, car pour un nouveau-né, le toucher, le contacte physique est le premier signe d’affection.
Depuis plusieurs mois, il y a des barrières à nos signes d’affection, à nos signes de tendresse. Nous commençons à deviner l’étendu de la souffrance de ce lépreux, qui vit dans une culture encore plus tactile que la nôtre. Alors qu’il est encore à genou attendant sa guérison, Jésus le touche de ses mains. Je ne sais pas s’il lui a mis les mains sur la tête, s’il lui a saisi la nuque ou les épaules, s’il a pris ses mains ou ses poignets. Mais je sais que, bien avant de l’avoir guéri, il l’a rejoins dans sa souffrance la plus profonde.
Je vais prêcher sur le refus de cet ancien lépreux de servir Jésus, mais je voulais m’arrêter avec vous d’abord sur le sens du toucher de Jésus. Comme il l’a su pour chacun de nous, il sait la souffrance la plus profonde de cet homme. Et c’est exactement là qu’il le rejoint, c’est exactement là qu’il lui propose la vie en abondance. De même qu’il sauve cet homme aujourd’hui, nous tous qui écoutons cet évangile, nous savons qu’il nous a déjà rejoins dans notre attente la plus fondamentale.
Nous commençons le carême mercredi, et nous avons tous le même risque que cet homme, continuer à vivre comme si nous n’avions pas été sauvés. Cet homme souffrait de solitude. Une fois guéri, quoi de mieux pour voir du monde, que de raconter son histoire à qui veut l’entendre. Mais Jésus l’a libéré de sa solitude pour mieux que cela. Au lieu d’être témoin de l’extraordinaire amour de Dieu, il est témoin de la vie extraordinaire qu’il a. Nous commençons le carême mercredi, et nous courrons le mêmerisque sur cette période que cet ancien lépreux : faire un carême de païen.
Pour savoir si nous vivons en sauvé, il suffit de savoir si une de nos souffrances, un de nos problèmes est plus grand que Dieu. Entre Dieu et nos problèmes, c’est au plus grand des deux que nous rendons un culte, c’est en fonction de lui que nous choisissons nos amis et que nous organisons notre emploi du temps, c’est en fonction de lui que nous nous inquiétons. Est-ce que je m’inquiète pour moi, ou pour la progrès du règne de Dieu ? « Cherchez le règne de Dieu et son mode de vie, et le reste vous sera donné de surcroît ». Autrement dit, suis-je un ancien lépreux, ou un fils de Dieu ? Le monde d’après est-il celui d’après le Covid, ou d’après la résurrection ?
Nous commençons mercredi le carême, et nous avons besoin de choisir nos efforts de carême avant qu’il ne commence. Nous pouvons choisir nos efforts de carême en espérant que nous avons été sauvés – c’est un carême de païens – ou en sachant que nous avons été sauvés, c’est un carême de chrétien. En choisissant votre effort de carême, vous pouvez demander au Seigneur, où m’attends-tu vraiment ? Pour ceux pour qui cela est lointain, n’hésitez pas à demander à Dieu où il a été vraiment présent dans votre existence jusque ici.
Heureux et saint carême !