Croire, c’est simple comme merci !

Homélie du frère Emmanuel Dumont – 28e Dimanche du temps ordinaire – 9 octobre 2022

1.1        Connaître son désir

Pour dire merci, il faut déjà savoir pour quoi on dit merci. Il faut savoir quoi demander, il faut savoir quel est son désir.

Les dix lépreux de l’Evangile, tout comme Naaman savent ce qu’ils veulent, ils veulent la guérison.

A Lourdes, j’ai rencontré Samuel et Florent, grâce à l’OCH, l’office chrétien des personnes en situation de handicap. Ce sont deux frères dont l’un est autiste, il habite dans un foyer de l’arche. On les a fait parler devant plus de 1000 lycéens à Sainte Bernadette, mardi soir. Leur désir, c’était de dire le potentiel, voire la force du handicap. Ils le disaient avec lucidité, mais avec beaucoup de conviction. Ils ont mobilisé l’attention des lycéens de manière impressionnante, et c’était magnifique. Au fond, ils rencontraient le désir des lycéens. Eux aussi désiraient qu’on leur dise que leurs « faiblesses » n’est sont pas et qu’ils ont du potentiel pour les autres quoi qu’ils soient.

Avec Samuel et Florent, les lycéens découvraient leurs désirs profonds, un désir de guérison. Leur « maladie », ce n’était pas la lèpre, mais c’était d’avoir à se conformer à un idéal fonctionnaliste. Et ils sont sur leur dire merci, tout simplement, en les applaudissant.

1.2        Reconnaître Dieu dans la simplicité

Pour dire merci, il faut aussi savoir à qui attribuer une bonne action.

Naaman, attribue bien à ses sept bains sa guérison.

Si vous vous souvenez de cette histoire, vous vous souviendrez que Naaman ne voulait pas obéir au prophète Elisée. Les conseils d’Elisée l’ont même mis de très mauvaise humeur. Il vient en pays ennemi, il traverse des kilomètre par de mauvaises routes pour s’entendre dire : « baigne toi 7 fois dans le Jourdain ». Il s’attendait à quelque chose de moins simple, de plus grandiose.

Mais sur les conseils de son serviteur, il obéit, il se baigne sept fois, il guérit, et il attribue à Dieu et au prophète sa guérison.

1.3        Le geste de l’eau à Lourdes

Est-ce que ceux d’entre vous qui étaient à Lourdes, au pèlerinage du Rosaire, vous avez fait le geste de l’eau ?

Certains d’entre vous, vous me direz que ce geste, c’est un peu superficiel, un peu magique. D’autres seront tout aussi critique en affirmant que ce geste n’est pas du tout sacramental, et qu’il n’a pas du tout l’efficacité des sacrements. Et moi qui suis à la fois rationaliste et attaché à la théologie des sacrements, je serais tout à fait d’accord avec vous.

Et pourtant, cette semaine, encore une fois, j’ai pu voir l’importance de ce geste. Ma mission à Lourdes, c’était de sillonner les 50 établissements scolaires et les 2000 lycéens qui y étaient présent, pour prêcher, pour parler et pour écouter.

Les profs m’ont expliqué l’importance du geste de l’eau à Lourdes.

Parmi ces 2000 lycéens, il y a beaucoup de jeunes athées ou musulmans qui viennent surtout à Lourdes pour servir les pèlerins malades, pour se rendre utile au plus petits. Et bien beaucoup d’entre eux sont touchés par l’ambiance du pèlerinage. Beaucoup ouvrent leurs cœurs aux malades, voire à Dieu.

Et beaucoup font le geste de l’eau. C’est simplissime, si j’ai bien compris, il s’agit juste d’aller ce laver les mains au robinet où il est écrit « eau de la grotte ». C’est tout bête et pourtant, ce geste touche les cœurs en profondeur. Certains commencent à prier, certains ont envie de mieux connaître le Christ.

Nous revoilà dans la grande tradition catholique qui reconnait que Dieu vient nous toucher par les sens, par le corps. Comme dans la liturgie, c’est le corps qui vient bouger notre âme.

Se laisser toucher par Dieu, cela peut passer par des gestes très simples.

1.4        Reconnaître en chacun un instrument de Dieu

Oui, il faut savoir à qui attribuer une bonne action.

On peut supposer que les dix lépreux attribuent leur guérison à Dieu, puisque c’est après la purification au Temple qu’ils sont guéris.

Mais on peut supposer que seul le Samaritain attribue sa guérison à Jésus.

Peut-être que les autres pensent que Jésus est juste un donneur de conseil, mais que c’est seulement grâce aux prêtres qu’ils sont guéris.

Le Samaritain, voit en Jésus plus que cela, il voit en Jésus un instrument de la puissance de Dieu.

Il voit en cet homme tout simple, ce laïc, un instrument de Dieu.

1.5        Les apprentis prédicateurs

Comme je vous disais, à Lourdes, parmi les lycéens et aussi parmi les profs, il y a beaucoup de non croyants. Mais parmi eux on trouve aussi des jeunes remplie d’une foi sincère, bien ancrée.

Cette année, quelque chose qui m’a beaucoup touché, c’est de voir ces jeunes prendre la parole pour expliquer les mystères de la vie chrétienne à d’autres lycéens, à leurs camarades, voire à leurs profs eux-mêmes.

Vous savez combien il est difficile pour un catholique de parler de sa foi à ses collègues ou à ses camarades. Ce n’est pas le genre de propos que les gens aiment entendre, ou alors, vraiment en privée, voire en cachette. Mais à Lourdes, quand l’ambiance est bonne, quand tout le monde se sent bien, n’importe qui devient prêcheur. N’importe qui devient un instrument de Dieu pour faire connaître la Bonne Nouvelle.

1.6        La foi chrétienne, simple comme merci

Les gens veulent en savoir plus sur la vie de Jésus. Un jeune m’a demandé de résumer en deux phrases la religion chrétienne. C’est une des questions les plus difficiles, et c’est une des questions les plus belles. Alors j’ai répondu que c’était la résurrection, le mystère de Pâques.

Mais aujourd’hui, on pourrait dire que le cœur de la foi chrétienne, c’est de savoir dire merci.

C’est de reconnaître que nous sommes guéris, que nous avons la vie, et que nous avons la promesse d’une vie plus grande encore.

Et c’est d’attribuer ce don à Dieu, Dieu qui s’est fait homme, Jésus, à la fois homme et Dieu.

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