Homélie du frère Nicolas Burle – Jeudi 19 juin 2025
Quand j’étais scout, notre aumônier, béni soit-il, essayait d’ouvrir nos yeux et nos oreilles aux choses de Dieu. Pour cela, il développait des trésors d’imagination et de pédagogie pour intéresser des adolescents. Un enseignement m’a particulièrement marqué, c’était au sujet du Notre Père.
Il nous disait que pour Jésus, il est évident d’appeler Dieu père. Car Jésus est le Fils unique de Dieu, plein de grâce et de vérité. Mais pour nous ? Comment se représenter Dieu comme un père ? Surtout que l’image du Père est peut-être déformée en nous par les pères que nous avons rencontrés. Bref, pour Jésus c’est évident. Pour nous, c’est un apprentissage. Aussi, notre aumônier nous a-t-il encouragés, dans notre prière personnelle, à réciter de temps en temps le Notre Père, mais à l’envers.
Ce qui a deux avantages : on est alors obligé de penser à ce que l’on dit et on évite de rabâcher comme les païens. Et deuxièmement : cet itinéraire est celui du baptême.
Délivre-nous du mal. Le premier pas dans la vie chrétienne est bien cette demande exaucée : par le baptême, nous sommes délivrés du mal. L’eau engloutit le mal comme la mer Rouge a englouti Pharaon et son armée. Nous sommes libérés délivrés et nous marchons à travers le désert de cette vie jusqu’à la terre promise.
Et ne nous laisse pas entrer en tentation. Délivrés du mal, nous entrons dans le combat spirituel. Nous demandons à Dieu de nous délivrer même des occasions de pécher.
Nous entrons alors dans la logique de Dieu, celle du pardon. Peut-être avez-vous déjà remarqué que c’est la seule demande du Notre Père où nous avons une part active ? Et si nous n’y avons pas fait attention, l’évangile en remet une couche en nous encourageant et en nous avertissant. Car, si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi. Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père non plus ne pardonnera pas vos fautes. L’enjeu est de pardonner comme Dieu pardonne. Non pas pour atteindre le niveau de Dieu. Qui peut pardonner comme Dieu ? Mais pour imiter notre Dieu qui n’a qu’un seul désir : pardonner et se réconcilier avec nous. Car il ne suffit pas d’être croyant, encore faut-il être pratiquant. Et il ne suffit pas d’être croyant et pratiquant, encore faut-il être aimant.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour. Depuis notre baptême, nous sommes en route vers la Terre promise. Pour tenir la route, Dieu nous donne la manne, le pain venu du ciel. Si nous sommes venus à la messe, c’est parce que nous avons faim. Faim de plus, faim de quelque chose d’autre que le monde ne peut pas nous donner. Ici et maintenant, nous est donné ce qu’on ne trouve nulle part ailleurs : Jésus, le pain vivant venu du ciel.
Ainsi délivrés et fortifiés, nous pouvons nous mettre au service du projet de Dieu pour ce monde. Est-ce que notre plus grand désir est que la volonté de Dieu soit faite sur la terre comme au ciel ? Qu’elle se fasse réellement dans ma vie et dans notre monde ? Que son règne vienne ? Et que son nom soit sanctifié ?
Si notre prière nous fait passer des paroles aux actes,
alors nous serons vraiment des fils du Père.
Alors nous pourrons dire en vérité : Notre Père.