Homélie du frère Emmanuel Dumont – Dimanche 13 novembre 2022
Connaissez-vous la collégiale saint Pierre de Lille ? L’église dont dépendait l’hospice gantois ? L’Eglise ou furent enterrés de nombreux grands de Bourgogne ? C’est l’Eglise où venaient toutes sortes de chrétiens, en pèlerinage pour prier Notre-Dame des Sept Douleurs. C’est l’église qui abritait l’enseignement supérieur à Lille pendant plusieurs siècles. Si vous ne la connaissez pas, c’est normal. Elle a été détruite à la révolution et vendue pierre par pierre. Il n’en reste pas pierre sur pierre. Et pourtant, ce n’est pas aussitôt la fin.
On se dresse nations contre nations, et pourtant ce n’est pas aussitôt la fin.
Il y a des tremblements de terres au sens propre, ou au sens figuré. Les scandales à répétitions dans notre église ne sont-ils pas pires que des tremblement de terres qui sapent notre confiance en l’église et en Dieu. Et pourtant ce n’est pas aussitôt la fin.
Il y a des désordres, en particulier à la SNCF, et pourtant, ce n’est pas aussitôt la fin.
Il y a des épidémies, des persécutions, des phénomènes effrayants, politiques par exemples, et pourtant… ce n’est pas aussitôt la fin.
Et en attendant, il faut faire comme saint Paul, il faut travailler.
1.2 Mais alors, c’est quand la fin ?
Mais alors, c’est quand la fin ?
La fin, Jésus la raconte quelques versets plus loin : « Alors, on verra le Fils de l’homme venir dans une nuée, avec puissance et grande gloire ». C’est un peu ce que dit Malachie : « le soleil de justice se lèvera : il apportera la guérison ».
Et voilà l’Apocalypse de Luc ou celui de Malachie, résumé en une phrase.
Mais vous me direz : à quoi ça sert de parler de la fin ?
1.3 La fin, et alors ?
Pour imaginer la fin de l’univers, dans quelques millions d’années, on a déjà le calcul des astronomes, qui étudient les lois de l’univers. Pour imaginer la fin de notre région, dans quelques millions ou milliers d’années, on a le calcul des géologues et des climatologues. Pour imaginer la fin de notre culture, dans quelques milliers d’années, on a le calcul des historiens ou des sociologues.
A-t-on besoin d’une parole prophétique sur la fin des temps ? En fait, la question se posait déjà au sujet du début. Si on connait les histoires du bing bang et de la sélection génétique, pourquoi a-t-on besoin de la Genèse ?
1.4 Votre histoire
Faisons un petit exercice personnel.
Dans votre histoire personnelle, c’est quoi le début ? C’est quoi l’histoire qui fonde votre personnalité ? Le souvenir qui vous a marqué et qui vous a transformé, la décision que vous avez prise et qui a fait votre vie ? Chacun peut trouver son récit de Genèse personnel. Et puis dans votre couple, c’est quoi votre récit d’origine commun ? votre première rencontre, votre premier enfant, ou votre premier déménagement… Et puis avec vos amis ? C’est quoi le récit des origines commun ?
Et puis comme chrétiens, c’est quoi notre récit des origines communs ? En a-t-on un sur lequel on serait d’accord ? Serait-ce la sortie d’Egypte ou la Résurrection du Christ ? Serait-ce l’évangélisation de la Gaule par saint Martin, ou le rétablissement des dominicains en France par Lacordaire ?
En fait, la question se pose pour la fin de manière encore plus criante.
Quelle est votre espérance personnelle ? Est une famille, un travail, des voyages… Quel est le récit de votre fin rêvée ? Et en couple ? et en famille ? et avec vos amis ? Et comme chrétiens ?
Aujourd’hui, Jésus, qui est à la fin de sa vie, nous fait rêver. Il nous donne un rêve commun, un rêve qui nous unit dans son corps mystique, dans son église. C’est la proximité avec Dieu : la venue du fils de l’homme. C’est le poids d’une présence à Dieu et au monde : la gloire de Dieu. C’est la justice et la guérison rajouterait Malachie.
Frères et sœurs, nous avons besoin d’un récit commun sur la fin de l’histoire, car c’est là que tout se joue. Notre récit de la fin est comme notre récit du début, en Dieu. Dieu englobe tout, il englobe le temps, et c’est normal qu’après l’anti bing bang scientifique, on se représente la venue de Fils de l’homme un peu mythique.
Aujourd’hui Jésus nous donne de voir grand, et c’est important pour nous donner d’agir en grand, de nous laisser mouvoir par son esprit.