3ème Dimanche de l’Avent – Année C – Lc 3, 10-18

Homélie du fr. Jean Michel 

« Engeance de vipères, qui vous a montré le moyen d’échapper à la colère qui vient ? »

Frères et Sœurs, cette phrase de Jean Baptiste que vous n’avez pas entendue vient juste avant l’évangile de ce jour et explique, en partie, la question en retour des auditeurs : « Que devons-nous faire ? »

« Pouvez-vous échapper à la colère ? » « Que devons-nous faire ? » Voilà donc le dialogue du jour.

Il est assez fréquent que la liturgie de l’Eglise nous prenne à contrepied.

Nous sommes une semaine avant Noël et voilà que l’évangile nous place déjà au baptême qu’il soit d’eau ou de feu qui plus est avec une prédication de Jean-Baptiste qui nous propulse au temps du jugement, la fameuse « pelle à vanner ».

Nous sommes donc placés volontairement en pleine confusion chronologique pour ne pas dire historique.

Pourquoi la liturgie entretient-elle cette confusion ? Pourquoi ne pas nous laisser dans le joli décor de la crèche ? Les enfants ne sont pas là, ça tombe bien, quand ils reviendront, vous pourrez leur montrer le joli décor, pour l’instant il nous faut parler d’autre chose, en adulte.

C’est que justement depuis la crèche, depuis que Dieu est entré dans l’histoire, l’histoire a changé de sens, elle a changé de direction.

S’approcher de la crèche c’est s’approcher de la Croix et s’approcher de la Croix c’est s’approcher du tombeau vide et ce dans un seul et même mouvement.

Le sens de l’histoire est désormais entièrement logé, entièrement lové dans cet enfant de la crèche appelé à la Croix, cet enfant de la Paix appelé à être haï.

Nous sommes à la fois dans la joie indéfectible, dans l’espérance inusable et en même temps dans la lucidité crucifiante.

Le chrétien peut dire avec la même honnêteté devant la crèche « Je crois » et « J’ai peur »,

Il n’y a pas de honte ni à croire ni à avoir peur car tout est désormais logé, ailleurs qu’en nous-mêmes, dans cet enfant qui mène à la gloire de Dieu et au salut du monde.

Alors la question vient forcément face à cette confusion : « Mais que devons-nous faire ? ».

La question des collecteurs d’impôts, des soldats (et vous voyez de quel métier il s’agit, rappelez-vous que nous sommes à l’époque en terre occupée) la question « Que devons-nous faire » est lourde et la réponse paraît, dans un premier temps, légère.

Soyez honnête : « Contentez-vous de votre solde » « N’exigez rien de plus »

Entendez bien frères et sœurs la différence entre la prédication de JBaptiste « La pelle à vanner », l’angoisse de la question « Que devons-nous faire » et la légèreté de la réponse.

C’est tout ?

En fait, cette modestie est trompeuse car imaginez les soldats retournant à la caserne et qui raconte aux autres soldats : Le prophète nous a dit de ne pas piller, de ne pas voler, de ne pas faire de razzias.

Imaginez le reste de la conversation avec les autres soldats pour lesquels le pillage est le seul revenu, imaginez le niveau du débat et des décibels. Imaginez les questions de conscience que cela pose. Imaginez l’ostracisme que cela peut avoir comme conséquence, qui plus est pour un métier où la solidarité est essentielle, la fraternité d’armes, qui pose la question de vie ou de mort. Or JBaptiste a introduit un biais dans cette solidarité d’armes derrière l’apparente modestie de sa réponse.

En fait, il revoit chacun à sa conscience comme si la conscience est le lieu d’accueil de celui qui vient.

Alors frères et sœurs, s’il vous arrive que quelqu’un vous demande devant la crèche ou devant la croix ou devant le tombeau vide : « Que devons-nous faire ? » Vous pouvez lui répondre

Sois honnête mon fils

Sois honnête ma fille.

Car ta conscience est le seul berceau qu’attend l’enfant de la Paix

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