Temps d’épreuve et d’espérance

Homélie du frère Thomas-Marie Gillet – lundi 23 mars 2020

En ce lundi de la 4e semaine du Carême, l’Église nous invite à faire également mémoire de saint Turibio de Mogrovejo (1538-1606). Saint Turibio, premier archevêque primat de Lima, c’est un peu le Charles Borromée du Nouveau Monde. Dès son arrivée à Lima, capitale du Vice-Royaume du Pérou, il prend la mesure de la charge de successeur des Apôtres qui lui incombe sur les terres de ce continent. Il parcours le territoire de son diocèse pour aller à la rencontre des fidèles et s’imprégner de « l’odeur des brebis ». Il fonde des séminaires, construit des hôpitaux, bâtit des églises, convoque des synodes pour le bien de l’Église. Comme Notre Père saint Dominique il se déplaçait uniquement à pied et tâchait de demeurer fidèle au jeûne et à la prière.

En nous confiant à l’intercession de saint Turibio, nous demandons au Seigneur d’être renouvelés dans notre charge, notre mission baptismale de transmission de la Foi et de prédication de la Bonne Nouvelle. Que notre imagination en ce sens soit aiguisée et, spécialement en ce temps de crise, que nous puissions faire retentir l’Évangile grâce au nouveau monde du continent numérique, grâce aux nouvelles technologies de communication.

Chers frères,

Ce qui m’a frappé dans la méditation des textes de la liturgie de ce jour, c’est l’espérance qu’ils dégagent et à laquelle nous sommes invités. Oui, nous nous apprêtons à célébrer, dans un contexte particulièrement inédit et difficile, la Fête des Fêtes, la Pâque, la Résurrection de Notre Seigneur Dieu et Sauveur Jésus-Christ. Il a vaincu la mort, il fait régner la Vie ! Le contexte sanitaire, le confinement, l’impression de guerre dans nos rues vides sont autant de signes qui peuvent à juste titre faire naître en nous l’angoisse, qui laissent apparaître comme une victoire des forces du mal, des forces de mort. Mais la source de grâce n’est pas tarie, le Seigneur demeure à jamais le Maître de la Vie : « Oui, voici : je vais créer un ciel nouveau, une terre nouvelle, on ne se souviendra plus du passé, il ne reviendra plus à l’esprit. » (Is. 65, 17).

Oui, dans l’épreuve, malgré l’adversité, un constat s’impose à nous comme au fonctionnaire royal de Capharnaüm à qui le Christ annonce : « Ton fils est vivant » (Jn. 4, 50.53). Seigneur, ton serviteur est vivant ! Oui, chers frères, nous sommes tous vivants ! Ne croyez pas que j’oublie les victimes de cette pandémie, gageons qu’elles nous devancent dans la Vie éternelle, la joie sans fin, là où les cris et les pleurs ne sont plus audibles, n’existent plus (cf. Is. 65, 19c). Pour nous, notre mission d’apôtre de la Bonne Nouvelle reçue au baptême doit plus que jamais être effective et efficace. Il nous faut dans la prière et une communion de cœur aux sacrements compte tenu de ce contexte particulier, être messager de la Bonne Nouvelle, pour nous mêmes et pour notre prochain.

Nous en voyons déjà des signes, que ce temps d’épreuves soit pour nous un temps de surcroît de charité et de solidarité. À ceux qui nous sont proches, nos voisins de palier, ceux que nous rencontrons les commerçants, ceux pour qui monte nos supplications, les soignants, les malades, à tous il faut nous efforcer de redire la joie du Salut : « Fêtez le Seigneur, vous, ses fidèles, rendez grâce en rappelant son nom très saint. Sa colère ne dure qu’un instant, sa bonté, toute la vie ; avec le soir, viennent les larmes, mais au matin les cris de joie. » (Ps. 29/30, 5-6).

Amen.

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