Fête de St André
Fête des 40 ans de la présence dominicaine dans le quartier de Lille-Moulins
Homélie du frère Jean-Pierre Mérimée
Epître aux Romains 10,9-18 ; Psaume 18(19) ; Evangile de st Matthieu 4,18-22
« Or la foi naît de ce que l’on entend, et ce que l’on entend, c’est la parole du Christ » affirme l’épître aux Romains.
« Pas de parole dans ce récit, pas de voix qui s’entendent mais sur toute la terre en paraît le message et la nouvelle aux limites du monde. » précise le psaume 18 au sujet de la création.
A Simon appelé Pierre et son frère André, à Jacques fils de Zébédée et son frère Jean, ces paroles d’envoi de Jésus : « Venez à ma suite et je vous ferai pêcheurs d’hommes » dans l’évangile de Matthieu.
Nous fêtons aujourd’hui les 40 ans de présence dominicaine dans le quartier de Lille -Moulins. Quelles résonnances entre ces textes et ce que nous fêtons ?
Le frère Philippe Maillard s’est installé le premier dans ce quartier populaire, pour créer une antenne d’ATD quart Monde. Très vite, le frère Michel Froidure l’a rejoint puis d’autres frères. Aujourd’hui encore, 6 ans après la mort de Philippe, nous sommes 4 frères, comme les pécheurs du bord du lac, à jeter nos filets sans relâche : Michel, Jean-Laurent, Benoît et moi.
Nous sommes reconnaissants à ce couvent, à vous qui nous aidez de tant de manières et aux frères de la Province, vous tous qui nous permettez de faire ce ‘pas de côté’, dans la meilleure tradition dominicaine. Il s’agit pour nous de vivre pleinement notre vie dominicaine et pleinement cette vie de voisinage, de quartier, dans le même lieu, à savoir au 28 de la rue de Wattignies et depuis 6 ans, l’îlot du 28 ayant été rasé pour cause d’insalubrité, à la Maison du 60, à une centaine de mètres de là.
Nous apprenons à cette école, celle de nos amis du quartier et proches, à vivre en frères à égalité- et ce n’est pas gagné-, en solidarité avec les plus démunis -c’est toujours un défi- et notre foi naît de ce que l’on entend comme le dit Paul aux Romains, à travers des vies malmenées, héroïques souvent. La parole du Christ, la parole du pauvre est au cœur de nos célébrations dialoguées, avec le pain du partage et le difficile pardon.
Nous découvrons que cette parole du Christ est aussi très souvent à l’image de ce que décrit le psaume 8: « Pas de parole dans ce récit, pas de voix qui s’entendent, Mais sur toute la terre en paraît le message et la nouvelle aux limites du monde » Tant de dévouements, tant de gestes de solidarité, d’amitié, d’attentions fraternelles, tant de bonheurs partagés, de fatalismes combattus, de vies se remettant debout avec l’hésitation et les chutes des premiers pas du nouveau-né ; Tout cela forme un récit, un message, une nouvelle qui résonne jusqu’au limites du monde. C’est l’effet papillon, il suffit d’un imperceptible battement d’aile, du plus petit geste d’amour pour changer un monde.
Emerveillement donc, reconnaissance, joie d’être envoyés ensemble proclamer et entendre, toujours nouvelle, la bonne nouvelle du salut en Jésus le Christ, le Vivant.