Homélie du frère Franck Guyen – Dimanche 15 novembre
Un frère s’étonnait que l’on enlève son talent à celui qui n’en avait reçu qu’un dans la parabole de l’Évangile d’aujourd’hui, surtout en cette journée de prière pour les pauvres ; j’avais alors répondu que, de toute façon, l’homme ne faisait rien de son talent, alors autant le donner à quelqu’un d’autre.
L’argent est fait pour circuler, pour être échangé, pour « faire des petits » comme on dit en français. La vie est faite pour circuler, pour être transmise. La Bonne nouvelle du salut en Jésus Christ est faite pour circuler, pour porter du bon fruit ; elle n’est pas faite pas pour rester confinée dans un coin de notre âme.
On peut aussi s’étonner de ce que le maitre semble accepter ce que dit le mauvais serviteur : « tu es un maître âpre au gain, tu moissonnes là où tu n’as pas semé ». Attention au contre-sens, le maître prend simplement son serviteur au mot, il ne dit pas que ce qu’il dit est vrai.
« Mauvais serviteur, tu dis que je suis un homme âpre au gain, ok, on va jouer selon l’image que tu as de moi – qui est fausse mais peu importe – : pourquoi n’as-tu pas agi en conséquence en plaçant mon argent à la banque : sans courir aucun risque, tu aurais présenté les intérêts au maître cupide que je suis d’après toi. Conformément à ce que tu dis de moi, j’agis maintenant en maitre âpre au gain qui se met en colère contre un gestionnaire incapable ».
Ne tombons pas dans le travers du serviteur incapable et faisons confiance à notre Dieu
Es-tu celui qui n’a reçu qu’un talent ? Ne jalouse pas celui qui a reçu plus, ce que tu as représente déjà une somme énorme. Mais peut-être t’inquiètes-tu de perdre ton talent en le gérant mal : fais confiance au maître, tu fais partie de sa maison et il te connaît bien, ce qu’il t’a confié est adapté à tes capacités.
Es-tu celui qui a reçu cinq talents ? Ne vas pas t’enorgueillir aux dépens de celui qui a reçu moins, dis-toi qu’il te sera demandé à la hauteur ce que tu as reçu. Un conseil : considère humblement que tu es un serviteur inutile admis par grâce à servir un maître meveilleux.
Concluons.
Ce qui est vraiment important, ce n’est pas de savoir combien on a reçu de talents ni combien ils vont rapporter. Ce qui importe, c’est ce que notre gestion révèle de notre relation à Dieu : sommes-nous des serviteurs fidèles qui font confiance à un maître aimé et respecté ? ou des serviteurs soupçonneux qui se défient d’un maître redouté et méprisé en même temps ?
Regarder les serviteurs bons et fiables plutôt que sur le serviteur mauvais indigne de confiance, cela aide à convertir notre image de Dieu.
Entendons le maître dire à chacun d’eux : « serviteur bon et fiable, entre dans la joie de ton maître ». La joie de Dieu, mes amis, çà doit être quelque chose.