Le temps de Dieu

Homélie du frère Rémy Valléjo – 1er Dimanche de l’Avent 29 novembre 2020

Aujourd’hui,

en ce premier dimanche d’Avent,
la liturgie nous offre de nous réapproprier le temps,
pour faire nôtre, tout à fait nôtre, le temps de Dieu
Car l’Avent est non seulement une réappropriation du temps, le nôtre, mais aussi et surtout l’appropriation du temps de Dieu.

Notre temps,
Aujourd’hui,
c’est celui que le confinement – le premier et le second – a malmené et malmène encore.
Car notre temps d’humanité, 
et même d’intériorité, 
ce n’est pas ce temps de mise à distance qui fait perdre à toute réalité son essence,
ni même ce temps d’attente qui, faute d’espérance, tue tout espoir,
ni même encore ce temps suspendu qui, au nom de la vie, tue la vie.
En effet, comme au temps de Jésus, lorsque les pharisiens appliquaient leurs normes, nous pouvons tuer la vie, au nom de la vie ; n’est-ce pas ce qui se passe aujourd’hui en des EPHAD où, au nom d’une sécurité sanitaire, des personnes meurent d’isolement.

Cependant,
au-delà de ces réalités délétères, 
le temps qui nous est propre et tout à fait nôtre,
c’est celui qui trouve sa source et sa plénitude dans le temps de Dieu.

Mais quel est au juste ce temps de Dieu ?

Le temps de Dieu, 
c’est bien évidemment cette distance infinie qui me donne d’éprouver le temps.
Mais c’est aussi cet événement, ce kairos qui, d’événements en avènements, jusqu’à l’avènement du Christ, est à l’origine de la création tout entière et d’une recréation de tout être en Jésus, le Fils de Dieu,
Car le temps de Dieu, en Christ, c’est un jaillissement de source qui suscite la vie.
Le temps d’un regard,
lorsque le regard est source de bienveillance,
comme regard de miséricorde de Jésus pour tous ceux et celles qu’ils rencontrent.
Le temps d’une parole,
lorsque la parole qui jaillit du cœur étanche toute soif,
comme la parole de Jésus étanche la soif de tous les assoiffés de justice et de vérité.
Le temps d’une présence,
lorsque la présence ranime et vivifie.
Comme la présence de Jésus parmi les siens.

Le temps de Dieu, 
en Jésus le Christ,
c’est cette distance infinie qui me donne d’éprouver toute la mesure du temps d’humanité.

Cependant,
le temps d’humanité,
c’est souvent ce temps, fugace et fugitif, qui s’écoule dans ma chair, mon coeur et mon âme dans laisser traces,
ce temps qui passe, agace et lasse.
et qui, par habitude et plus encore par lassitude, devient aveugle, indifférent et muet.
C’est le temps de l’homme qui, désabusé de tout, n’a plus d’attention à rien.

A contrario de ce temps
le temps de Dieu,
c’est le temps du veilleur, de celui qui veille, avec bienveillance et une inlassable attention, à tout être de chair, de cœur et d’âme pour lui donner la vie en abondance.
Car Dieu est le veilleur, 
le veilleur de la nuit, 
le veilleur de la mi-nuit
mais aussi le veilleur du jour, tous les jours et toujours jusqu’à la fin du monde
L’Unique et Vrai Veilleur, c’est le Christ Jésus qui, en prenant chair, cœur et âme, en toute chose à l’exception du péché, veille à la vie même de notre humanité, d’un regard, d’une parole, d’une présence et même d’un silence.

Se réapproprier notre propre temps, 
et dès lors se réapproprier le temps de Dieu, 
c’est se réapproprier le temps du veilleur, 
l’Unique et Vrai Veilleur : Jésus, l’Emmanuel, « Dieu avec nous » que nous célébrerons le Jour de Noël.

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