Homélie du frère Philippe Verdin – Dimanche 14 mars 2021
Pour être sauvé, sauvé de la maladie, sauvé de l’isolement, sauvé de la faillite, nous réclamons à corps et à cri le vaccin, Pfizer, Moderna ou Janssen de Johnson & Johnson, même Astra zeneca peu importe, c’est urgent.
Dans le désert, Moïse, lui, doit sauver son peuple non d’un virus, mais des morsures d’aspics. Ils se cachent dans les palmiers et vous tombent dessus à l’oasis, ils sont lovés sous une pierre quand vous voulez vous assoir, après la marche dans la poussière du désert… les serapim, sournois et mortel. Moise fait dresser un serpent de bronze au bout d’une pique, au bout d’une « batinse » comme on dit dans le Nord. « Tout ceux qui le regarde sont sauvés ». (Nb 21, 9)
Les médecins et les pharmaciens qui ont fait le serment de nous sauver arborent le caducée, le bâton avec son serpent enroulé. Autour de la piscine de Bethesda où Jésus fait des miracles, on a retrouvé entre les dalles séculaires des petits insignes, genre pin’s, de serpents en bronze : probablement symbole de la corporation médicale. Le Christ guérit les malades parmi ses confrères médecins. Il vient pour guérir et sauver.
Pour que nous soyons sauvés, il faut nous tourner vers la croix, il faut regarder le Christ en croix. Pendant la passion, Jean citera le prophète Zacharie : « ils regarderont celui qu’ils ont transpercé. » Et aujourd’hui : « Ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, pour que tout homme qui croit ait la vie éternelle ». Il y a donc un rapport salutaire entre croire, voir et vivre.
Pour voir le Christ comme sauveur, il faut croire. Il faut le croire pour le voir. C’est la foi qui discerne la Lumière. C’est la foi qui sauve : « tout homme qui croit a la vie éternelle. » il faut croire en quoi ? En un Dieu qui se fait homme et qui meurt par amour pour nous sur la croix.
Le serpent fait peur, mais son symbole est signe de guérison.
La croix fait peur, mais elle est signe de salut et de vie éternelle. Il nous faut donc contempler la croix.
La religion de la première alliance était fondée sur l’écoute. « Shmah Israël. » La religion des amis de Jésus cherche à voir, cherche son visage, comme Zachée qui est sauvé lorsqu’il voit le Christ. C’est l’impatience de Saint Paul qui gémit : « je voudrais voir le Christ », lui qui l’a seulement entendu sur le chemin de Damas.
Voir le Christ, c’est le bonheur. Voir le Christ, c’est devenir comme lui, dit st Jean : « nous serons semblables à lui parce que nous le verrons tel qu’il est. » Sa gloire resplendira sur nous, elle nous irradiera, elle nous métamorphosera, nous deviendrons comme celui que nous avons contemplé. Ce sera la communion parfaite.
On vu un jour le curé d’Ars au pied de la croix dans l’église. Il contemplait la croix et… il riait ! C’est pourquoi notre dimanche est laetare, gonflé de joie: par sa croix, Jésus nous annonce que nous sommes sauvés. De sa croix que nous contemplons, Jésus nous contemple, et son regard nous remplit de joie. Cyrille de Jérusalem a osé cette phrase qui est folie et scandale pour les païens : « par ta croix, ô Christ, la joie est venue dans le monde ». La croix qui est signe d’amour, la croix qui sauve.
Dante entre enfin au paradis : « Ce que je voyais me paraissait être un sourire de l’univers, ce pourquoi mon ivresse entrait en moi par l’ouïe et par la vue. » Cette vie éternelle du paradis et déjà commencée. C’est pourquoi nous sommes dans la joie. La lumière du Seigneur nous embrasse déjà et nous attire. Elle est vérité, vie et liberté.