Homélie du frère Nicolas Burle – 2e dimanche de l’Avent – 10 décembre 2023
Frères et sœurs,
Le thème de ce dimanche est transparent, vous avez entendu le mot clef dans la lettre de saint Paul et dans l’évangile : il est question aujourd’hui de conversion.
Qu’est-ce que c’est la conversion ? Vous savez tous qu’il y a deux mots en grec pour parler de conversion. Je vous les rappelle, on ne sait jamais.
La conversion ÉPISTROPHÉ, épi « sur » et strépho « tourner ». Tourner sur soi-même. C’est un retournement. C’est un demi-tour sur place, comme au ski quand on fait une conversion. Par exemple quand Jésus nous dit : « Si une personne ne se convertit, ne retourne pas en arrière et ne devient pas un petit enfant, elle ne peut entrer dans le royaume des cieux. » Matthieu 18.3. ÉPISTROPHÉ. C’est s’arrêter de courir dans la mauvaise direction. C’est encore plus profondément arrêter de croire que je suis arrivé. Mon père se moquait de moi quand j’étais adolescent. À l’époque, j’étais jeune et arrogant. Maintenant, je suis moins jeune… Quand je lui sortais mes grandes théories sur la vie et le monde, il me disait : « tu n’es allé nulle part et tu es déjà revenu de tout… »
Mais on peut faire demi-tour et rester pourtant sur le chemin de l’erreur. Parce qu’il existe une conversion plus radicale et plus profonde que la conversion ÉPISTROPHÉ. C’est la conversion MÉTANOIA : de méta (ce qui dépasse) et du verbe noéo (percevoir, penser) et signifie « changement de perception » ou « changement de regard ». Pour faire simple, MÉTANOIA signifie : changer d’avis pour changer de vie. C’est exactement le baptême de conversion que saint Jean-Baptiste proclame ce dimanche.
Nous avons précisément parmi nous 17 spécimen en pleine conversion : les volontaires Dom&Go. 10 se préparent à partir en mission à Jérusalem, à Istanbul, au Cameroun, au Zimbabwe, en Uruguay et au Pérou, 2 sont en mission ici à Lille pour un an depuis septembre et 5 sont de retour de mission après 6 à 12 mois en Zambie, au Zimbabwe, en Uruguay et en Egypte.
La conversion ÉPISTROPHÉ, ils la connaissent bien : ils ont fait un demi-tour alors qu’ils auraient pu faire comme tout le monde : partir en stage ou commencer une brillante carrière. Changer de direction, ils savent ce que cela signifie. Mais ils connaissent aussi cette conversion, humble et décisive, celle du dernier mètre, après ces milliers de kilomètres parcourus. Franchir le dernier mètre qui me sépare encore de ceux que je rencontre : apprendre leur langue, vivre comme eux, manger comme eux et prier avec eux.
La conversion MÉTANOIA, ils la connaissent également par cœur, par le cœur. Ils savent le poids des paroles de saint Jean-Baptiste : « Voici venir derrière moi, celui qui est plus fort que moi. » Ils font l’expérience dans leur mission que faire le mal est facile. Il suffit de se laisser tomber. Il suffit de laisser tomber. Faire le bien n’est pas difficile. Mais cela demande un effort. Comme monter ces marches qui mènent à l’autel… Or notre volonté est si faible et s’arrête souvent en cours de route. Voire avant même la première marche. « Voici venir derrière moi, celui qui est plus fort que moi » signifie que la grâce de Dieu est plus forte que ma volonté. Qu’elle porte ma volonté et qu’avec elle seulement je peux remporter des victoires. À une seule condition : que je demande de l’aide. Je reçois de l’aide à la mesure même où je la demande. Je reçois la grâce à l’exacte mesure de mon désir de la recevoir.
Frères et sœurs, quel est notre désir ce dimanche ? Si nous sommes venus avec un dé à coudre. Dieu remplira ce dé à coudre. Mais si nous étions venus avec une bassine ou une piscine, il les aurait remplies. Désirons-nous d’un grand désir ? Il reste 14 jours pour se préparer à Noël : que désirons-nous ? Le désirons-nous d’un grand désir ?