Je suis en train de vous parler

Homélie du frère Nicolas Burle – Solennité de la sainte Trinité – Dimanche 26 mai 2024

Frères et sœurs, 

Nous avons été créés par la sainte Trinité donc nous sommes à l’image de la sainte Trinité. 

Tout notre être est marqué par la réalité de Dieu qui s’est révélé à nous comme Père, Fils et Esprit saint. Ce n’est pas une invention des chrétiens, c’est Dieu lui-même qui se révèle dans la Bible comme Dieu trois fois saint, communion du Père, du Fils et de l’Esprit.

Nous avons été créés par la Trinité. Nous sommes donc à l’image de la Trinité.

Je suis en train de vous parler. 

Ma mémoire crée les mots dont j’ai besoin pour vous parler. 

Mon intelligence les ordonne et les prononce pour vous. 

Mais ces mots ne peuvent vous atteindre sans être portés par mon souffle. 

Ma mémoire est créatrice à l’image du Père créateur.

Mon intelligence est à l’image du Verbe, du Logos, cette parole intelligente : Jésus.

Le souffle de Dieu, l’Esprit saint porte la parole jusqu’au cœur de nos cœurs.

Le Père Créateur, le Fils unique, Parole de Dieu, et le souffle de l’Esprit saint

Parler est un acte trinitaire. C’est un signe que j’ai été créé par la sainte Trinité.

Dans un acte de parole, il existe celui qui parle.

Il existe la parole qui est prononcée pour celui qui écoute.

Il existe enfin le souffle qui porte cette parole jusqu’à votre oreille.

Le Créateur, la Parole et le souffle. Le Père, le Fils et l’Esprit saint.

Dieu est trinitaire car Dieu parle. Il s’est révélé à son peuple en parlant à Moïse puis à tous les prophètes. Enfin il est venu lui-même nous parler en personne : le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous.

Dieu n’a pas fini de nous parler : il parle encore aujourd’hui dans la méditation de la Bible, dans le silence de la prière, dans les groupes de chrétiens qui se rassemblent pour prier, pour étudier la Parole de Dieu et pour se mettre au service. Une parole qui fait agir. Une parole incarnée. 

Nous venons d’écouter la Parole de Dieu. Qu’en avons-nous retenu ? Quelle parole a été prononcée pour nous aujourd’hui ? Est-ce que cette parole a glissé sur nous sans que nous  ne puissions rien en retenir ? 

A-t-elle frappé nos tympans mais sans parcourir cette distance décisive de 1 mètre, distance que je passerai toute ma vie à parcourir : la distance qui va de mon oreille à mon cœur ? Car c’est le cœur qui doit changer, c’est au cœur que cela doit changer. Et seule la grâce de Dieu peut réaliser ce changement en moi. 

Pendant des années, je me suis, au mieux, ennuyé pendant les homélies. Elle passait au-dessus de ma tête comme les nuages. Une parole non adressée. Certaines homélies au contraire m’ont rempli de rage : elles n’étaient qu’une paresseuse paraphrase de l’évangile ou blessaient profondément le “sensus fidei” de l’assemblée. Certaines étaient si longues et si violentes que l’on se sentait pris en otages. Pour toutes ces homélies horribles, je n’ai jamais entendu de demandes de pardon. Je vous demande en tout cas pardon pour toutes les homélies pénibles que j’ai prêchées ces 5 dernières années. 

Peut-être aurais-je pu prendre mon chapelet pour prier pour le prédicateur ? 

Mais je n’avais pas ce réflexe de prier pour celui qui prêche.

Que les homélies me plaisent ou me déplaisent, cela revenait finalement à la même erreur. J’attendais tout, j’attendais trop de l’homélie. 

C’est une discussion entre frères qui m’a éclairée au début de ma vie dominicaine. Un de nos frères, jeune diacre, s’était ouvert un matin sur sa panique à chaque fois qu’il devait prêcher. Au point même de se désinscrire parfois au dernier moment. Un frère lui a répondu : “C’est parce qu’à la messe, pour l’instant, tu prends la parole uniquement pour proclamer l’évangile et prêcher. Mais un jour, quand tu seras prêtre, tu comprendras deux choses : 

L’homélie est introduite par la parole de Dieu. 

Elle n’est pas un discours ou une conférence sur le sujet préféré du prédicateur

mais notre humble réponse à ce que Dieu a dit en premier. 

Dieu a parlé, qu’allons-nous dire maintenant ? Comment allons-nous vivre cette parole ? 

La deuxième leçon, c’est que l’homélie doit nous conduire plus loin. Elle nous prépare à entendre la parole la plus importante prononcée par Dieu, la parole la plus importante de toute l’histoire de l’humanité : “Ceci est mon corps livré pour vous. Ceci est mon sang versé pour vous.”  Et non seulement l’entendre mais y croire. Et non seulement y croire mais aimer cette parole pour faire de notre vie un don.

Frères et sœurs, 

Notre parole, la parole de l’homme est entourée par la Parole de Dieu. 

Nous sommes précédés par la parole de Dieu. Dieu a parlé en premier.

Et nous sommes accompagnés par toute la puissance de sa Parole tout au long de notre vie.

Selon la promesse du Christ : “Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde.”

Quand elle vient de Dieu et qu’elle conduit à Dieu, alors notre parole est à sa juste place.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *