Homélie du frère Nicolas Burle – Dimanche de la Pentecôte 20 mai 2024
D’environ 120 le jour de la Pentecôte, ils ont cru jusqu’à être 2,2 milliards, les disciples du Christ. Et si ils entendent parler des merveilles de Dieu dans toutes les langues, c’est que chaque homme, chaque femme, est invité à louer Dieu dans sa propre langue maternelle. J’étais dernièrement à un WE vocation, et un jeune homme venant d’un pays lointain était présent. Un vieux frère lui demande de quel pays il vient, puis de quelle ville, puis de quelle langue. Il finit par lui dire qu’il était celui qui avait fixé sa langue maternelle, c’est-à-dire écris la grammaire et le dictionnaire de sa langue. Il l’avait fait pour que l’évangile puisse être traduit dans sa langue, pour que chaque personne de ce peuple puisse parler à Dieu dans sa langue maternelle.
Paul écrit : « ceux-là sont fils de Dieu qui sont conduits par l’Esprit de Dieu: vous n’avez pas reçu un esprit qui vous rende esclaves et vous ramène à la peur, mais un Esprit qui fait de vous des fils adoptifs et par lequel nous crions: Abba, Père. » Nous sommes chacun fait pour nous adresser à Dieu dans sa langue maternelle et lui dire « notre Père ». Je me suis amusé à lister les langues avec lesquels, dans notre assemblé, nous pourrions parler à Dieu : le français, l’anglais, l’espagnol, l’italien, l’allemand, le portugais, mais aussi le russe, le vietnamien, le japonais, parfois le coréen, mais encore le swahili, le lingala, le pazandé, tagalog et l’ubundu. Nous le dirons par le Credo, quand nous dirons « pour nous les hommes et pour notre salut », que Dieu s’est fait homme pour que chacun de nous, nous puissions être en relation avec notre Père du ciel, dans notre langue maternelle.
Esprit Saint nous fait parler toutes les langues de la foi, il nous fait aussi parler toutes les langues de l’espérance. Sans doute vous souvenez-vous de la vision des ossements desséchés dans le livre d’Ezéchiel : « La main du Seigneur fut sur moi; il me fit sortir par l’esprit du Seigneur et me déposa au milieu de la vallée: elle était pleine d’ossements. (…) Il me dit: » Fils d’homme, ces ossements peuvent-ils revivre ? » » Nous savons souvent parler toutes les langues du désespoir : « Cette fois-ci, je ne vais pas m’en tirer, c’est foutu ». Cela peut porter sur les guerres actuelles, le réchauffement climatique, Ou encore la fragilité des diocèses ou la crise de la pédocriminalité. Mais finalement, bien plus sur les fragilités de nos vies, nos addictions, nos déceptions.
Dans les vallées d’ossements desséchés de nos vies, Dieu nous demande si ces ossements peuvent revivre. Le prophète répond : « Seigneur Dieu, c’est toi qui le sais ! ». Je suis touché par la pudeur de cette réponse, car quand nous sommes dans ces vallées de morts, nous ne pouvons plus espérer de notre propre espérance. Nous devons basculer dans l’espérance de Dieu, espérer de l’espérance même de Dieu. Dieu est venu parler toutes les langues de notre désespoir pour que nous puissions parler toutes les langues de son espérance. « Il me dit: » Prononce un oracle contre ces ossements ; dis-leur : Ossements desséchés, écoutez la parole du Seigneur. Ainsi parle le Seigneur Dieu à ces ossements : Je vais faire venir en vous un souffle pour que vous viviez. » Encré dans l’espérance de Dieu, nous sommes appelés à annoncer l’espérance de Dieu dans nos désespoirs.
Vous connaissez ma dévotion à St-Maximilien Kolbe. Dans ce camp où tout n’était que désespoir, il a espéré de l’espérance même de Dieu, dans la victoire de l’amour. Non seulement il prend la place de ce père de neuf enfants, mais il a soutenu les neuf autres hommes pour qu’ils puissent mourir en paix. Vous connaissez sans doute l’expression : « Ne dis pas à Dieu que tes problèmes sont grands, mais à tes problèmes, que Dieu est grand. »
L’Esprit est répandu sur nous pour que notre foi s’adresse au Père dans toutes les langues maternelles de la terre. L’Esprit repose sur nous, pour que même dans nos lieux de désespoir, nous parlions toutes les langues de l’espérance. Cet Esprit est finalement donné, pour parler tous les langages de l’amour. Vous avez entendu comme moi l’épître de Paul : « Mais voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi. En ces domaines, la Loi n’intervient pas. Ceux qui sont au Christ Jésus ont crucifié en eux la chair, avec ses passions et ses convoitises. Puisque l’Esprit nous fait vivre, marchons sous la conduite de l’Esprit. » En écoutant ces mots, nous pouvons être étonné de l’appel de Dieu sur notre vie, mais Dieu peut profondément nous rendre capable de l’amour dont lui est capable. St-François de Sales était un grand colérique et Dieu en a fait l’apôtre de la douceur, St François était bouffi de vanité et a fondé les frères mineurs, Ignace de Loyal voulait bâtir sa gloire dans ce monde pour finalement servir la plus grande gloire de Dieu.
Il y a trois grandes couleurs à la charité : celle de dire les vérités dont les personnes ont vraiment besoin – c’est assez dominicain. Celle de manifester à une personne qu’elle nous est précieuse car elle est précieuse au Seigneur – c’est la charité relationnelle. Il y a enfin la charité de donner aux personnes ce dont elles ont vraiment besoin : c’est la charité de l’efficience.
En cette fête de la Pentecôte, l’Esprit Saint nous rend participant de la nature divine, et donc de ce que Dieu connaît, de ce que Dieu espère et de ce que Dieu aime. Chacun de nous commence demain une semaine, avec ses difficultés, ses décisions, ses désespoirs. Prions les uns pour les autres pour que nous laissions le Seigneur Saint Esprit de nous donner de vivre à la mesure de Dieu.