Homélie du frère Jean-Baptiste Rendu – 7e Dimanche de Pâques – 12 mai 2024
Notre société dans laquelle nous vivons, souvent plongée dans le seul présent et incapable de se projeter dans l’avenir, en a besoin ;
Notre époque qui se traîne parfois avec lassitude dans la grisaille de l’individualisme et de la débrouille, en a besoin ;
La création gravement blessée et défigurée par l’égoïsme humain,
en a besoin ;
Les peuples et les nations qui affrontent des lendemains chargés d’angoisses et de peurs, alors que les injustices se poursuivent avec arrogance, que les pauvres sont rejetés, que les guerres sèment la mort, et que le rêve d’un monde fraternel risque d’apparaître comme un mirage, ces peuples et nations… en ont besoin.
Les jeunes, souvent désorientés mais désireux de vivre pleinement,
en ont besoin ;
Les personnes âgées, que la culture de l’efficacité et du rejet ne sait plus respecter et écouter, en ont besoin ;
Les malades et tous ceux qui sont blessés dans leur corps et dans leur esprit, en ont besoin.
Alors frères et sœurs, à votre avis, quel est ce « besoin » commun à toute ces situations ? Eh bien c’est l’espérance ! Une espérance qui ne déçoit point !
Alors, « rendons à César ce qui est à César et au pape François ce qui est du pape François ». Car oui, frères et sœurs, ce constat, cette litanie, que je vous partage et que pourtant je fais mienne, n’est pas de moi, mais du pape François dans son homélie des Vêpres de l’Ascension de jeudi dernier.
Avec force, conviction et la sensibilité qui le caractérise, il a voulu rappeler que ce monde qui est le nôtre et dans lequel – nous l’avons entendu dans l’évangile- « nous sommes envoyés, comme le Fils a été envoyé dans ce monde par le Père ». Eh bien, oui, ce monde a besoin aujourd’hui encore, plus que jamais, de mettre Jésus au centre de tout.
Car, oui frères et sœurs, si le Christ dans dessein bienveillant est descendu jusqu’aux profondeurs de la terre c’est pour que le Ciel s’ouvre au-dessus de nous, pour nous faire monter jusqu’au Père, et nous élever en notre humanité.
Ainsi cette belle fête de l’Ascension du Seigneur de jeudi nous fait comprendre que Jésus monté au ciel – et je cite ici littéralement le pape François – « (Jésus monté au ciel) porte dans le cœur de Dieu notre humanité pleine d’attentes et de questions » et « donne ainsi la confiance sereine que là où il est, tête et premier-né, nous aussi, ses membres, nous serons unis dans la même gloire ».
C’est là, chers amis, le fondement théologique de notre espérance chrétienne. Une espérance qui, vous l’aurez compris, n’est un pas optimisme béat, ni la résignation à la fatalité de ce monde, mais une véritable force de vie qui trouve son fondement dans notre confession de foi en Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, conçu du Saint Esprit, né de la Vierge-Marie, mort et ressuscité des morts, puis monté aux cieux et qui siège désormais à la droite du Père.
Cette espérance chrétienne, telle une ancre marine qui retient le bateau malgré l’agitation de la mer, une telle espérance soutient notre chemin de vie même quand celui-ci éprouvant. Cette espérance nous donne l’énergie nécessaire pour faire le bien quand le mal semble l’emporter ; insuffle la sérénité de l’amour et du pardon quand le cœur est alourdi par l’échec et le péché et nous fait rêver d’une humanité nouvelle.
En cette fête de l’Ascension, le pape François ne s’est pas contenté seulement de constater que le monde avait besoin d’une dose d’espérance, mais il a aussi donné à l’église tout entière la bulle d’indiction du jubilé ordinaire de l’année 2025. Et pour ce Jubilé le pape souhaite que le thème de l’espérance soit justement le message central de cette année jubilaire qui débutera le 24 décembre 2024 et se terminera le 6 janvier 2026. Durant cette année jubilaire le pape exhorte et nous encourage à « élever nos cœurs », « à les élever vers le Christ, pour devenir des chanteurs d’espérance » dans un monde désenchanté : « Avec nos gestes, avec nos paroles, avec la patience de semer un peu de beauté et de bonté partout où nous sommes, nous voulons chanter l’espérance, pour que sa mélodie fasse vibrer les cordes de l’humanité. » Pape François
Pour cela, vous l’imaginez bien, de nombreuses propositions nous seront offertes. Autant d’occasion de nous recentrer, de nous ressourcer en Dieu et nous laisser affermir dans la foi pour témoigner à ce monde de cette espérance qui nous anime.
D’ici là, la liturgie de ces jours, dans la perspective de la fête de dimanche prochaine nous invite à disposer nos cœurs. A les disposer au souffle de l’Esprit de Pentecôte. Que mû par son souffle, nos cœurs s’élèvent et s’accordent au diapason de l’Espérance.