Et maintenant, on va où ?

Homélie du frère Emmanuel Dumont – Dimanche 25 août 2024

« S’il ne vous plait pas de servir Dieu, choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir. » dit Josué. « Voulez-vous partir vous aussi ? » répond Jésus. Voilà la question qui nous est posée.

Et c’est vrai que parfois, quand on lit certains textes de la Bible, on se demande ce qu’on fait là.

1.1         Fuir la Bible ?

Pendant la première année de notre vie dominicaine, au noviciat, nous lisons la Bible tout entier, et c’est vrai qu’il y a des moments difficiles.

Le chapitre 6 de Jean est difficile. Jésus nous dit de manger sa chair avec des termes proches de l’anthropophagie.

Le livre de Josué, dont nous avons lu un passage de la fin du livre est aussi particulièrement difficile. Il nous raconte la conquête de la Terre Promise, de manière sanglante, par des moyens pas toujours honorables. Et on comprend qu’à la fin du livre, alors que la conquête n’est pas terminée, certains hébreux aient envie d’une vie plus paisible, moins belliqueuse, moins séparée des autres peuples et de leurs croyances. Après tout, Baal pourrait être un nom de dieu lui aussi.

Et aujourd’hui, la liturgie nous rajoute le chapitre 5 de la lettre aux Ephésiens, le début de ce que l’on appelle le code familial de la lettre. Paul y parle de la soumission des épouses aux époux, des enfants aux parents et des esclaves au maitre.

Josué et Ephésiens peuvent tout à fait servir de base pour construire une société belliqueuse et patriarchale. Cela s’est fait dans le passé et se fait encore dans certains milieux.

1.2         Josué, le Jésus qui combat

Ce choix que Josué demande de faire résonne avec le choix que Moïse demande de faire à la fin du Deutéronome : « choisis donc la vie » (Dt 30,19).

Je parlais de la conversion à des détenus hier. Eux ils parlent toujours de « reconversion », c’est l’influence de Pôle emploi sur la vie spirituelle. En lisant quelques textes, on voyait bien que dans la Bible, la conversion, c’est le fait de retourner à Dieu, de se repentir du passé pour un meilleur avenir. C’est un mouvement perpétuel et c’est bien autre chose qu’un tampon ou une identité communautaire. En Marc, les premiers disciples étaient envoyés à prêcher la conversion et à chasser les démons. Oui, la conversion a aussi une dimension combative. Comme diraient les musulmans, le dihad de Josué est avant tout un combat spirituel intérieur.

Josué nous rappelle que notre vie est faite de choix, et de combats pour réaliser ces choix.

1.3         Le code familial

Le code de la famille, en Ephésiens, que l’on retrouve aussi en Colossiens, est assez effrayant pour des mentalités modernes. C’est ce texte et quelques autres qui donnent à Paul une réputation de misogyne.

Au début du XX siècle, les femmes noire américaines refusaient de lire ces textes et se concentraient sur les Psaumes ou Isaïe. Elles ne pouvaient pas entendre que l’on justifie toutes ces oppressions dont elles étaient victimes. Et on a parfois envie de faire comme ces auditeurs de Jésus qui le quittent parce qu’il dit est inaudible.

Des traités d’économie domestique il y en a plusieurs à l’époque. Il faut imaginer que la grande villa avec sa famille et ses esclaves est l’unité économique de base en méditerranée. Aristote, dans son traité de la Politique, en parle de manière similaire. Mais lorsque l’on compare les deux textes, deux différences peuvent être mises en lumière.

Tout d’abord, Aristote décrit la hiérarchie homme femme au passif alors que Paul l’évoque à l’impératif. Dans le texte d’Aristote, l’économie familiale méditerranéenne semble être le résultat d’une loi inamovible, presque physique. Dans le texte de Paul, c’est le résultat d’un choix. Paul s’adresse ici à des grecs, il semble ne pas remettre en cause leurs structures économiques, et pourtant il le fait en affirmant qu’accepter les structures de la société, c’est un choix.

Mais surtout, Paul place le Christ et Dieu au centre de cette économie domestique. Plus que d’un traité d’économie domestique, il s’agit d’un traité d’économie du salut. C’est l’expression qui désigne comment Dieu nous sauve et nous donne la vie. Toute la lettre aux Ephésiens porte sur la manière dont le Christ vient unir le monde au-delà des divisions qui existaient à l’époque pour l’unir à Dieu.

La, nous sommes dans la seconde partie, pleines d’exhortations et de conseils pratiques. Mais ceux-ci sont autant d’illustrations pratiques de ce mystère du Christ.

Avant notre passage d’aujourd’hui, il nous invite d’abord à imiter Dieu. Mais, s’agit-il d’imiter le Père, le Fils ou l’Esprit ?

Et puis il nous invite à ne pas nous remplis de vin mais de l’Esprit Saint. C’est bien plus qu’une exhortation à l’ascèse. Nous pouvons accueillir l’Esprit de Dieu.

Et en nous parlant de normes conjugales, il nous parle du lien entre le Christ et l’Eglise. Ce lien si mystérieux de don total.

1.4         Le choix

Oui, dans la foi, il y a un choix à faire.

S’unir au Christ avec tout notre être, toute notre chaire, c’est un choix difficile.

Comment est-ce que les hébreux choisissent-ils Dieu d’après le livre de Josué ? En regardant vers ce que Dieu a fait pour vous. Qu’est-ce que Dieu a fait pour vous ? Qu’est-ce que Dieu a fait pour nous ? De quelle Egypte ou de quelle oppression nous a-t-il sauvé ? Quel désert ou quelles épreuves nous a-t-il fait traverser ?

Comment est-ce que les disciples-ils Jésus d’après Jean ? En reconnaissant qu’il a les paroles de la vie éternelle. Cette parole faite chair pour mieux se donner à nous.

 

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