Homélie du frère Emmanuel Dumont – 4e Dimanche de l’Avent – 22 décembre 2024
C’est bientôt Noël, on a déjà allumé les 4 bougies sur la couronne. Peut-être avez-vous déjà acheté les cadeaux. Normalement, à part quand les agendas familiaux sont un peu compliqués, vous ne les avez pas encore ouverts. Mais déjà vous êtes excités parce que vous savez qu’ils sont prêts.
Dans l’évangile d’aujourd’hui, on est aussi très excité, on sait que le grand cadeau, le Fils de Dieu fait homme, est là, dans le ventre de Marie, mais on ne le voit pas. Il est encore caché. Dans l’évangile, le Seigneur vient, en Marie, mais on ne le voit pas. Dans notre monde, le Seigneur vient, mais on ne le voit pas.
Et bien, Elisabeth, Jean-Baptiste et Marie nous aident à vivre ce temps de l’attente, à nous préparer à accueillir le Seigneur qui vient.
1.1 Elisabeth, humilité et bénédiction
Elisabeth est un modèle d’humilité. Comment m’est-il donné que viennent la mère du mon Seigneur. Comme chacun d’entre nous, elle ne se sent pas digne d’accueillir Dieu dans sa maison.
Elisabeth, c’est aussi la femme du prêtre et une descendante de prêtre. C’est la femme de Zacharie. C’est la descendante d’Aaron, qui déjà avait une femme qui s’appelait Elizabeth.
Un prêtre, ça fait plein de choses, et entre autres, ça reçoit l’Esprit et ça bénit.
Elisabeth, pleine de l’Esprit Saint, discerne la présence du Seigneur en Marie.
Elle accueille sa cousine en la bénissant, en invoquant sur elle la bénédiction du Seigneur et en lui souhaitant du bonheur.
Elisabeth est un modèle pour nous car elle nous incite à discerner la présence du Seigneur autour de nous et à bénir nos proches chez qui le Seigneur est là, même quand on ne le voit pas au premier regard.
1.2 Jean-Baptiste, discernement et prédication
Jean-Baptiste aussi, c’est un exemple de discernement. Il est dans l’obscurité du ventre de sa mère, et déjà il perçoit la lumière du Christ.
Nous aussi, savons nous percevoir, ressentir, la présence du Christ parmi nous même quand nous ne le voyons pas ?
Dans la capsule d’avent dans la ville d’aujourd’hui, Etienne nous raconte comment lui aussi a ressenti la présence du Christ, sans le voir. Pour lui, c’était à Lourdes dans la basilique souterraine.
Et pour vous ? Quand avez-vous été comme Jean-Baptiste à discerner la lumière invisible ?
Mais surtout, la mission de Jean-Baptiste est de préparer la route au Seigneur, d’aider les autres à le percevoir. Et le voilà qui gesticule dans le ventre de sa mère, comme il le fera plus tard au désert.
Mais, il exulte de joie, un peu comme un charismatique. Voilà la louange comme première prédication.
Oui, Jean Baptiste est un modèle d’ouverture de cœur au Christ qui ne se laisse pas toucher, c’est un modèle de prédication joyeuse, pour préparer les chemins du Seigneur.
1.3 Marie
Marie enfin, c’est un modèle de service. Elle n’hésite pas toute jeune, à traverser des régions montagneuses pour aller rejoindre sa parente qui est enceinte. Quand Ambroise prêche sur la visitation, il rappelle combien les femmes enceintes doivent être l’objet de toute notre attention, et comment, comme Marie nous devons être à leur service.
Ici, Marie, c’est une femme forte. C’est un modèle de force. Cela ne se voit pas directement, et pourtant. En fait, comme Elisabeth lui dit « tu es bénie entre toute les femmes », elle n’est pas la première femme à dire ça à une autre femme. Avant elle, c’est Déborah qui dit la même chose de Yaël, dans un long cantique en son honneur.
C’est dans le livre des juges. Comment souvent, le peuple élu s’est détourné de Dieu, il est sous la coupe de ses ennemis, mais Dieu envoie une prophétesse pour les réveiller et les libérer. C’est Déborah. Déborah proclame une guerre contre l’envahisseur, mais voilà, le général qu’elle recrute n’a pas confiance. Alors, ce n’est pas lui qui tuera le général ennemi : c’est une autre femme. Et cette femme, c’est Yaël, qui tue le général ennemi qui était venu se cachez chez elles après que son armée soit partie en déroute. Quand Déborah entend cette victoire, elle « bénit Yaël, entre toutes les femmes ».
En portant le Christ en elle, Marie collabore aussi à la victoire sur l’ennemi.
Entre elles deux, la même chose se passe avec Judith. Et elle aussi sera bénie entre toutes les femmes. Et elle recevra la bénédiction suivante : on se souviendra de ton espérance et de la vigueur de Dieu.
Une femme forte, ce n’est pas une femme qui agit à la place de Dieu, c’est une femme qui espère en Dieu et qui collabore à son œuvre.
Heureuse celle qui a crut. Marie est un exemple parce que pour que Dieu vienne en nous, pour qui vienne planter sa demeure ou établir son royaume, il faut croire en lui, il faut lui faire confiance, il faut lui dire oui.
Thomas d’Aquin affirmant qu’il y a trois conceptions du Fils de Dieu. Une dans l’éternité, une en Marie et une en nos cœurs. Mais pour que le Seigneur soit conçu en nous, pour qu’il vienne habiter nos cœur, nous devons lui dire oui, lui faire confiance.
1.4 Une rencontre
Je terminerai avec une image.
Une statue de la visitation qui se trouve aujourd’hui à New York mais qui était à l’origine dans un monastère de dominicaines du côté de Constance.
Les deux femmes ont un cristal de roche à la place du ventre.
C’est très étrange. Il y a plein de manière d’interpréter cela.
Mais ce cristal de roche est aussi un signe de la présence de la lumière divine en elles, en Elisabeth qui est habitée par l’Esprit et en Marie, qui est la mère du Seigneur.
Cette statue est comme un exercice spirituel, pour rappeler aux sœurs qu’elles portent toutes le Seigneur en elles et que chacune à à se réjouir de la présence de Dieu en nous.