Homélie du frère Maurice Billet – Mardi 26 mai 2020
Nous venons d’entendre une partie de la prière que Jésus a adressée, à haute voix, devant ses Apôtres, quelques instants avant le repas partagé, la sainte Cène, le soir de son arrestation et de sa Passion. Nous avons une partie de dernières paroles du Christ. Il leur livre son testament. Il rassemble ses forces, car il sait qu’il va affronter les derniers moments de sa vie sur terre. Il a besoin de la présence de ses disciples. Il leur a donné les paroles que son Père lui avait données. L’heure est venue. « Glorifie ton Fils afin que le Fils te glorifie. »
Dans l’ordinaire de la messe, nous chantons, à plusieurs reprises la gloire de Dieu : par le chant du Gloria. Au moment de la conclusion de la prière eucharistique : « Tout honneur et toute gloire ». Et aussi la conclusion du Notre Père. Ce mot gloire nous met mal à l’aise. Dans la Bible, la gloire signifie « ce qui fait du poids ». Une vie donnée, ça fait du poids, une vie offerte par amour, ça fait le poids.
Cette gloire-là est tout le contraire de la gloire, la gloriole des grands de ce monde. Remarquons que les valeurs, en ce temps de pandémie, sont bouleversées. Ceux que nous admirons le plus et dont nous reconnaissons la gloire, le poids, ce sont ceux qui sont au service de la santé et des soins des malades.
Un écrivain, Gustave Flaubert, a écrit une petite nouvelle sur Jean Baptiste. Il raconte que ses disciples sont venus pour récupérer son corps, après sa décapitation par Hérode. La conclusion de cette nouvelle est que les disciples de Jean Baptiste ont trouvé la tête de Jean Baptiste bien lourde. Lourde de la gloire d’une vie fidèle jusqu’à la mort.
Jésus nous révèle son intimité avec son Père. « Ce qui est à moi est à toi. Ce qui est à toi est à moi. » La mission de Jésus est d’apporter le salut et la vie éternelle. Il y a un va-et-vient, un échange continuel entre le Père et le Fils, il y a entre eux une relation d’amour. Le texte évangélique de ce jour précise que les disciples de Jésus lui ont été donnés par le Père. Ils lui appartiennent à lui aussi, Jésus. Il prie pour eux.
Dans la première lecture de ce jour, les Actes des Apôtres rapportent les adieux aux chrétiens de Milet. Saint Paul leur dit : « Et maintenant que je suis contraint par l’Esprit de me rendre à Jérusalem, sans savoir ce qui va m’arriver là-bas. » Contraint, certes, mais peut-être un peu plus car la traduction de ce mot grec veut dire aussi, ligoté, enchaîné, retenu par des liens. L’Esprit crée des liens qui sont ceux de l’amour. Il sait ce qui l’attend à Jérusalem.
Nous sommes entrés, nous aussi, dans l’intimité divine, dans sa gloire, dans la vie éternelle, depuis notre baptême. Il nous appartient de continuer à répandre la gloire de Dieu, le poids, l’immensité de son amour. Nous réaliserons ainsi ce que dit saint Paul aux Éphésiens : « L’Église est l’accomplissement total du Christ, lui que Dieu comble totalement de sa plénitude. » 2e lecture de l’Ascension.
Nous sommes entre l’Ascension et la Pentecôte.
Le don de l’Esprit vient compléter les dons de Dieu. Il nous aide à diriger nos vies dans la charité, le partage, la miséricorde. C’est à chacun de nous de prendre l’initiative et de nous engager, en toute liberté. Nous avons à prendre en mains nos vies et nos existences, avec la force donnée par l’Esprit. Comme me disait un ami, il y a toujours un moment où c’est à nous de prendre le volant.