Homélie du frère Franck Guyen – Vendredi saint 2 avril 2021
Mes amis, c’est maintenant l’heure du jugement. Mais qui est jugé ? En apparence, c’est Jésus qui est jugé, et ses juges sont les puissants, Pilate le romain et Caïphe le juif. Mais les apparences sont trompeuses.
En réalité, ce sont ces potentats d’ici-bas qui sont jugés : le procès de Jésus montre la déshumanisation de Pilate et de Caïphe qui n’hésitent pas à broyer un être humain pris dans leurs luttes de pouvoir. Leurs hommes de main sont aussi jugés, eux qui prennent plaisir à dégrader un être humain. Mais ce sont aussi les disciples de Jésus, à commencer par Pierre, qui ont déserté quand les choses ont mal tourné, et plus généralement ce monde qui laisse les forts opprimer les faibles, la veuve, l’orphelin, l’immigré, le handicapé.
Et plus fondamentalement, celui qui est jugé, c’est celui qui se tient derrière tout cela, celui qui pervertit les mots, celui qui asservit la race des hommes dans le péché et la mort, à savoir Satan.
Quelqu’un qui s’appelle Jésus lui a résisté, quelqu’un qui n’est pas entré dans le piège de ses séductions trompeuses, alors Satan s’est jeté sur cette chair d’homme fouettée, humiliée, clouée nue sur une croix, chair tuméfiée par les coups, lacérée par le fouet, déshonorée par les insultes et les crachats.
Satan n’a pas perçu que cette chair n’était pas une chair ordinaire, il n’a pas perçu la divinité qui reposait dans cette chair. En mordant la chair de cet être humain, il n’a pas vu qu’il mordait aussi à l’hameçon de la divinité en lui.
Mes amis, c’est maintenant l’heure où l’envoyé plénipotentiaire de Dieu éjecte du monde l’antique serpent dont le venin a trop longtemps infecté le sang humain.C’est maintenant l’heure d’une crise à l’échelle cosmique qui se joue sur la croix.
Alors levons les yeux vers la croix, et assistons en compagnie de Marie et de Jean au combat qu’y livre notre chef pour nous.