De la vie éternelle

Homélie du frère Philippe Verdin – Mercredi 21 avril 2021

Une amie s’étonnait que les prêtres ne parlent presque plus de l’au-delà, de l’eschatologie, des fins dernières. Je lui répondis que parler de la mort n’est pas très populaire. Ça jette un froid. 

Nos pudeurs en l’occurrence sont un peu ridicules. Car, pour un chrétien, l’au-delà est synonyme de vie éternelle. La vie éternelle est au cœur du message et de la mission de Jésus. Nous l’avons entendu dans l’évangile : « Je suis venu en ce monde pour faire la volonté du Père ; et la volonté du Père, c’est que je ressuscite au dernier jour ceux qui croient en moi, et qu’ils aient la vie éternelle. »

Le Christ nous attire à lui. Saint Etienne, dont nous lisons ces jours-ci le martyr, voit le ciel ouvert. Nous aussi nous croyons que le ciel est ouvert : du ciel ouvert nous vient les échos d’une joie parfaite. C’est ce qu’a médité et contemplé saint Anselme que l’Eglise fête aujourd’hui : « Ce n’est pas toute cette joie qui entrera dans les bienheureux, mais ce sont les bienheureux qui entreront tout entier dans cette joie du Seigneur. Ils se réjouiront autant qu’ils aimeront et ils aimeront autant qu’ils connaitront. » La vie éternelle, c’est donc plonger, barboter dans la joie de Dieu ! 

Saint Anselme, à propos de la vie éternelle, regarde avec envie le protomartyr saint Etienne : 

« Tu te reposes dans la mort, heureux. Dans cette joie tu te réjouis de ton repos. Tu es glorifié et comblé, tu es rassasié dans la gloire. Ton âme a eu soif du Dieu de vie : tu es venu à lui et tu bois au torrent de son amour, autant que tu veux, comme tu veux, aussi longtemps que tu veux. » et Anselme continue à propos de saint Etienne, en éclairant notre évangile qui proclame : « celui qui croit en moi n’aura plus jamais soif » : « Toujours assoiffé au paradis, toujours tu bois, parce qu’il te plait toujours de boire et que jamais tu n’en es lassé. Tu ne bois pas pour te rassasier comme celui qui ne l’est pas encore, mais tu bois toujours pour que dure toujours la satiété que déjà tu possèdes. Toujours tu désires ce que toujours tu as, ce que tu es toujours certain de toujours avoir. Oui sans cesse, avec délice, tu désires ce délicieux désir ; toujours tu bois d’une délicieuse ardeur ce désir avec une copieuses satiété. »

Comme saint Etienne, comme saint Anselme, avec tous les bienheureux du ciel, recevons maintenant, dans l’eucharistie, la promesse de notre satiété joyeuse, amoureuse et éternelle.

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