Amour, aimer et ami

Homélie du frère Maurice Billet – 6e dimanche de Pâques 9 mai 2021

L’évangile de ce dimanche fait suite à celui de dimanche dernier. Jésus se présentait comme la vigne, son Père étant le vigneron et nous les sarments. Aujourd’hui, dans l’évangile de Jean, Jésus nous parle d’amour.

En effet, les lectures de ce jour sont les plus explicites sur l’amour révélé par le Christ. Dans la deuxième lecture et dans l’évangile, les mots amour, aimer et ami sont prononcés vingt-deux fois. Nous sommes dans le temps pascal, temps où se révèle l’amour du Christ dans sa plénitude, par sa mort et sa résurrection.

Jésus est avec ses apôtres pour le repas pascal. Il leur a lavé les pieds ; Judas est parti rejoindre ceux qui l’arrêteront, pour le condamner et le crucifier. Jésus fait ses adieux aux apôtres. Il leur confie l’essentiel de son message. Saint Jean a résumé tout le discours de Jésus par ces trois mots : « Dieu est amour » (1 Jn 4,8).

De quel amour s’agit-il ? D’où vient-il ? « Voici en quoi consiste l’amour, dit saint Jean : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a aimés. » Avant d’aimer, nous sommes aimés. Le mot amour appartient au monde de l’agir. Il est élan de la vie, la joie de vivre. Sa source n’est pas en nous. S. Augustin nous dit : « Tu nous as fait pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en toi. »

Toujours avec S. Augustin, commentons ce qu’il nous dit : « L’amour que Dieu répand dans nos cœurs n’est pas seulement celui dont il nous aime, mais il est aussi celui par lequel il nous donne la grâce de l’aimer. » Nous pouvons en dire autant de l’amour qui unit les membres d’un couple. Prenons un exemple, celui d’un couple, celui de Pierre et de Rébecca, en appliquant ce que nous dit S. Augustin.

Pierre aime Rébecca. Rébecca se réjouit de se savoir aimée de Pierre. Mais, en plus, elle a la certitude que Pierre lui donne la possibilité, la liberté de l’aimer également, lui Pierre. Et vice-versa, Rébecca aime Pierre. Il se réjouit de se savoir aimé de Rébecca et il reçoit d’elle le don libre de l’aimer, elle, son épouse. L’amour qu’ils se portent les rend entièrement libres. Quand nous aimons, il fait beau temps, il fait Dieu. Tu m’aimes, donc je suis. Aime et fais ce que tu veux.

Amour du prochain

« Aimez-vous comme je vous ai aimés », comme je vous aime depuis le commencement de monde jusqu’à la fin des temps.

Aimer son prochain comme soi-même, cela suppose d’abord que l’on s’aime soi-même, que nous soyons bien dans nos baskets. C’est la condition pour aimer le prochain. Ce n’est pas de l’égoïsme, mais simplement du bon sens. Il ne s’agit pas de se condamner soi-même. S. Jean nous dit : « Si notre cœur nous accuse, Dieu est plus grand que notre cœur, et il connaît toute chose. » 1 Jn 1,20

L’amour est un risque. Jacques Prévert le dit : « Tu dis que tu aimes les fleurs et tu les coupes. Tu dis que tu aimes les poissons et tu les manges. Tu dis que tu aimes les oiseaux et tu les mets en cage. Quand tu me dis : ‘Je t’aime’. J’ai peur. ». le doute de notre capacité d’aimer.

Demeurer

« Demeurez dans mon amour » Demeurer, c’est connaître Dieu ; c’est garder ses commandements. Demeurer, c’est habiter, séjourner, persister, rester branché, résider, vivre avec ; ça n’est pas du surplace. Demeurer est source de joie.

Demeurer, c’est aussi vivre dans la prière. La prière est un entretien entre Dieu et nous. Elle est demande, action de grâce. Elle est indispensable pour entretenir notre vie chrétienne. Elle nous est aussi nécessaire qu’à notre santé ; elle est notre gymnastique spirituelle ; si possible quotidienne.

Amis

« Je vous appelle mes amis. » 

Dans l’ancien testament, le titre d’ami est réservé à Abraham et à Moïse. Et aussi à ceux qui habitent la sagesse. Le Seigneur leur livre ses secrets.

Le Seigneur a dit à Judas : « Ami ».

Avec Jésus, il n’y a pas plus de maître et de serviteur, entre Dieu et les hommes. Il faut parler d’amour, de partage, de mise en commun, de communion.

Demeurer concerne le passé, le présent et le futur. Les dons de Dieu demeurent éternellement. Être ami de Dieu est la conséquence d’un choix. Le Seigneur n’est pas un chercheur de tête ; il choisit des gens humbles, sans prétention, simples ; pas plus vaillants que nous, du tout-venant.

« Je reconnais que quelqu’un est passé dans le creuset de l’amour divin, non pas à la façon dont il me parle des choses du ciel, mais à la façon dont il me parle des choses de la terre. » Simone Weil

Pentecôte

Pour terminer, une brève allusion à la 1ère lecture, tirée des Actes de Apôtres. Ce texte n’est pas très connu. Il s’agit de la conversion d’un païen, Corneille, baptisé par Pierre. Pour bien le comprendre, il faut lire tout le chapitre 10.

Quand je lis que Corneille reçoit la visite d’un ange, je pense à l’annonciation faite à Marie. L’ange lui dit d’aller rencontrer Pierre, afin d’être baptisé. Toute la maisonnée de Corneille sera baptisée. Et, miracle, l’Esprit Saint se répand sur tous ceux qui étaient présents. L’on chantait la grandeur de Dieu. On entendait parler en langues. Ce récit, c’est celui d’une Pentecôte. Celle des païens. Il y a dans ce texte le récit d’une révélation grandiose. Celle du début de l’histoire du salut qui s’adresse au monde entier. L’Esprit d’amour, celui de Dieu, dont nous venons de parler s’est propagé jusqu’à nous. Il nous appartient de le manifester et de le faire connaître pendant toute notre vie. En ce mois de mai, tournons vers Marie. Qu’elle nous accompagne et nous guide vers son Fils, qui est tout amour.

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