Homélie du frère Franck Guyen – Vendredi 21 mai 2021
L’amour, ah l’amour. Que ne nous fais-tu pas faire ? Mais que ferions-nous sans toi ? L’amour, une réalité mystérieuse. On n’a pas cessé d’en parler de génération en génération, et pourtant il sonne toujours nouveau dans la bouche de deux personnes qui s’aiment [À mon avis, persévérer dans un amour à sens unique relève plus de l’obstination que de l’amour véritable].
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L’amour est paradoxal : il s’impose à nous mais en même temps il nous demande notre accord ; il nous fait sortir de nous-mêmes et en même temps il nous fait accéder à une version plus grande de nous-mêmes. L’amour nous entraine sur un chemin inconnu, avec ses hauts et ses bas, ses gratifications et ses renoncements : quand l’enfant survient, il faut renoncer à la voiture coupé sport, mais en même temps nous devenons père, mère.
Il y a un amour encore plus mystérieux : le conjoint, les enfants, on les voit, mais Jésus ressuscité, on ne le voit, Dieu, on ne le voit pas, – et pourtant le croyant aime Dieu. Nous regardons Jésus sur la croix, et, sans savoir pourquoi, notre cœur se met à palpiter pour cet homme apparu sur terre il y a deux mille ans. Amour mystérieux qui vient du ciel.
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Et maintenant, comment articuler ces deux amours, l’amour céleste et l’amour terrestre ?
D’un côté, ne les opposons pas. Ce n’est parce que j’aime le Verbe fait chair que j’aime moins mon conjoint ou mes enfants, et inversement ce n’est pas parce que j’aime mes enfants et mon conjoint que j’aime moins Jésus Christ. Loin de s’opposer l’un à l’autre, les deux registres s’appellent l’un l’autre : en étant habité par l’amour du Christ, mon amour terrestre est purifié, transfiguré et passe dans l’éternité, tandis que mon amour du Christ se manifeste concrètement sur cette terre à travers mon souci de mon conjoint, de mes enfants.
Ne séparons donc pas l’amour terrestre et l’amour céleste, mais d’un autre côté, ne les confondons pas non plus.
N’attendez pas tout de votre conjoint, de vos enfants, ne leur dites pas : « Tu es tout pour moi », ce serait leur rendre un mauvais service. Ils sont des créatures comme vous, avec leurs failles physiques et morales, alors ne leur demandez pas d’être ce que seul Dieu est : Dieu seul est bon. Ne leur demandez pas ce que seul Dieu peut donner : le pardon des péchés, l’entrée dans le Royaume de Dieu, la vie et le bonheur éternels.
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On apprend à articuler ces deux amours en marchant sur le chemin du Christ comme Simon qui a suivi son Seigneur ressuscité. Et comme Simon, nous ferons l’expérience au cours du chemin d’une transformation radicale
« Tu ne t’appelleras plus Simon mais Pierre »