Assomption : marie, mère de la douceur

Homélie du frère Philippe Verdin – Dimanche 15 août 2021

La fête que nous célébrons aujourd’hui est particulièrement chère au cœur des Français. Vous connaissez l’histoire. Louis XIII et Anne d’Autriche désespéraient d’avoir un fils. Ils font le vœu que si la Vierge-Marie leur donne un garçon, ils voueront le royaume de France à Notre-Dame de l’Assomption. Un fils robuste naquit à la suite de ce vœu. L’enfant fût baptisé Louis Dieudonné et la France fut placée sous la protection de la Vierge-Marie.

L’autre raison de célébrer avec éclat cette fête est théologique. Les oraisons de la messe résument la magnifique promesse que Dieu nous fait : de même que la Vierge-Marie est glorifiée au ciel dans son âme et dans son corps, de même nous espérons avoir part à la résurrection de son fils. Un jour nous serons unis à lui, avec notre âme et un corps glorieux. 

Puisque nos regards se tournent sans se lasser vers le Vierge-Marie, permettez-moi de noter un trait particulier de son caractère, qu’elle veut nous enseigner : la douceur.

La Vierge-Marie peut être inquiète, la Vierge-Marie peut être ravagée par la douleur et le chagrin, mais on ne la voit jamais en colère, agacée, médisante, blessante.

Elle est la preuve que la douceur est possible de l’homme envers l’homme, envers les choses, envers les petits. C’est la douceur de la Vierge-Marie qui me touche quand je la prie et que je la vénère. Dans un monde de violence, c’est la douceur qu’on vient recevoir et apprendre auprès d’elle. Cette douceur vient sans doute de son caractère, de sa patience, de sa sagesse et de sa communion avec Dieu. 

Je crois que la Vierge-Marie nous aimerait plus doux que nous ne sommes. « Heureux les doux, ils possèderont la terre ». Heureux les doux, ils possèderont la terre du ciel, ils entreront dans le Royaume où les accueillera la Vierge-Marie. « Venez à moi, mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur » nous dit le Christ. Il n’est pas interdit de penser que le Christ a appris cette douceur et cette humilité de l’exemple de sa mère. 

Je pense que souvent nous avons des progrès à faire de douceur. Douceur avec nos proches, douceur avec les petits et les faibles, douceur avec les corps, douceur avec les animaux, douceur avec les objets qui nous entourent. Douceur des gestes, douceur du ton de voix. La douceur est une manière d’être. Elle est respect, tendresse et délicatesse. Elle est complice de la beauté et de l’amour. Elle célèbre l’harmonie. 

La douceur n’est pas signe de faiblesse, de démission, de laxisme ou de lâcheté. Au contraire ! Il faut être sûr de soi et confiant pour être doux. Il faut être moralement fort pour ne pas céder à la provocation, pour ne pas se laisser envahir par la colère, pour ne pas se laisser submerger par la violence, pour répondre à l’ironie blessante par la douceur d’un geste. La douceur n’est pas non plus synonyme de mièvrerie. Il suffit de contempler la Vierge-Marie pour en être assurer. Douceur et noblesse vont bien ensemble, sous la couronne des douze étoiles.

Que Notre-Dame de la douceur nous prenne à son école. Que la douceur imprègne notre vie. Alors nous serons jugés digne d’entrer dans le Royaume de son fils Jésus. Car le langage de Dieu est celui de la douceur. Il nous parle dans le doux murmure d’une bise légère. Si nous connaissons les mots et les gestes de la douceur, nous posséderons le sésame pour entrer au paradis. 

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