Homélie du frère Benoît Ente – Dimanche 26 septembre 2021
Chers sœurs et frères,
En entendant ce passage de la lettre de saint Jacques, je ne peux pas m’empêcher de penser que les riches dont parle Jacques, c’est moi, c’est vous. Je ne peux pas m’empêcher de penser à l’abondance matérielle et au confort dont nous jouissons et qui, à part pour les rois et les princes, ne s’est jamais vu encore dans l’histoire de l’humanité.
Je ne peux pas m’empêcher de penser à ce à quoi nous devons cette richesse, le travail ouvrier et les énergies fossiles parties en fumée et les conséquences dramatiques que tout le monde connaît, pour notre planète, pour les peuples de la terre, souvent les plus pauvres. Je ne dis pas cela pour nous culpabiliser, mais pour nous mettre devant notre responsabilité de citoyen du monde occidental. Cette richesse accumulée au cours des décennies nous donne un pouvoir d’agir sans égal. A quoi l’utiliserons-nous ? Avons-nous amassé tant de richesse pour nous-même, pour en profiter et tenir à l’écart ceux qui voudraient une part du gâteau ? Ou bien avons-nous capitalisé tant de richesse pour la mettre au service du bien commun ? Est-elle une fin ou bien un moyen pour annoncer la Bonne Nouvelle ? Sommes-nous libres vis-à-vis de nos richesses ? Prêts à nous en séparer si l’urgence le réclame ? Ce sont ces questions que nous pose la lettre de Jacques.
Sœurs et frères, ce n’est pas un hasard si aujourd’hui, la menace climatique et sociale se présente à nous. Elle nous donne une occasion unique de faire tomber les barrières qui séparent les religions, les nations, les convictions politiques pour nous unir nos forces et relever le défi auquel nous sommes confrontés. L’Esprit, nous le savons, souffle également ailleurs que dans cette église qui a, vous l’aurez remarqué, une forme de tente. L’Esprit souffle dans le cœur de millions d’hommes et de femmes de bonne volonté qui sont nos partenaires. Jésus veut nous aider à ne pas nous tromper d’ennemi. Il nous indique le véritable combat. Il est double : le combat contre le péché, c’est-à-dire le combat pour déraciner en nous ce qui peut nous conduire à la haine, au mensonge, à la violence. Et son pendant concret : le combat pour préserver une terre belle et généreuse, une terre dont les bienfaits sont partagés entre tous ses habitants humains et non humains dans la justice et l’amour. L’un ne va pas sans l’autre. Parce que notre Dieu a pris un corps, parce qu’il s’est compromis avec la création, la foi ne peut plus concerner uniquement notre intellect et notre intériorité. Elle ne peut se monnayer uniquement en termes spirituels et abstraits. Notre foi doit aussi s’exprimer par un engagement pratique de notre vie. Et même, cette pratique est le passage obligé de notre conversion. C’est par la pratique du vélo, de l’hospitalité et de l’Eucharistie que notre volonté de sainteté se grave dans nos corps et dans nos esprits. La pratique rend explicites la parole de l’Evangile. Et inversement, vous le savez, le contre-témoignage brouille les mots de l’Evangile.
Le peuple de prophète dont rêvait Moïse n’est pas un doux rêve. Il est réalité aujourd’hui. Vous qui avez été baptisés, savez-vous que vous êtes prophètes ? Vous êtes baptisés prêtres prophètes et rois. L’Esprit a été répandu sur les apôtres et sur le monde dans toutes les langues le jour de la Pentecôte pour que chacun d’entre nous, nous puissions apporter notre contribution unique, personnelle au monde de demain.
Sœurs et frères, sans réaction de notre part, nous risquons bien de faire de notre terre une géhenne de feu, de souffre et d’inondation. Mieux vaut pour nous une vie sobre et généreuse, fidèle au Dieu Père créateur de ciel et de la terre et à son Fils, et par cela entrer dans la Vie. Amen.