Homélie du frère Philippe Verdin – 15 décembre
Jean-Baptiste ne sait plus. Jésus est-il le Messie ? Il est pris d’un doute. Nous ressemblons parfois à Jean-Baptiste : certes nous avons fondé notre vie sur le Christ. Mais ne nous sommes-nous pas trompés ? N’aurions-nous pas mieux fait de fonder plutôt notre vie sur le pouvoir, sur la richesse, sur le plaisir jusqu’à satiété ? N’est-ce pas ça le bonheur, l’épanouissement, la liberté ?
Jean-Baptiste est le premier à reconnaître en Jésus le Fils de Dieu. Il a vu l’Esprit saint descendre sur le Christ dans le Jourdain. Comment peut-il douter ?
Saint John Newman disait : « Mille questions ne font pas un doute. » Ce n’est pas parce que je me pose des questions sur Dieu, sur le Salut, sur la vie après la mort, sur la justification du mal, sur la liberté, sur le visage de l’amour que ma foi est en danger. Au contraire. Le Seigneur nous a donné une intelligence pour poser sans fin les questions du pourquoi, du pour qui, du comment, du quand, jusqu’à ce que nous trouvions des réponses satisfaisantes. La question de Jean-Baptiste n’est donc pas incongrue. Il demande à Jésus lui-même la justification de son espérance.
Alors Jésus rappelle les mots du prophète Isaïe : « Vous saurez que Dieu vient quand les aveugles verront, les sourds entendront, les boiteux bondiront comme un cerf et le muet criera de joie. » Ces paroles s’accomplissent sous vos yeux. Ne voyez-vous pas les signes ? Ne savez-vous pas les reconnaître ? »
Et nous-mêmes, savons-nous reconnaître les signes que Dieu nous envoient tous les jours ? Non pas ceux qui sont prévus, mais ceux qui sont inattendus et inespérés. C’est ça la conversion de Noël : savoir reconnaître dans un bébé le Seigneur des Seigneurs, le roi des rois, le créateur des mondes.
Jésus ne se contente pas de réaliser les prophéties, de guérir les estropiés, de faire chanter les muets, danser les boiteux, voir les aveugles. Il ressuscite les morts. Jamais un homme n’avait réussi à faire revenir un mort. Jésus réalise là un verset du psaume : « Dieu rachète ta vie à la tombe. Il t’arrache aux griffes de la mort. Il te couronne d’amour et de tendresse. » Seul le créateur de la vie peut faire reculer la mort. Jésus ne se contente pas de ressusciter les morts : il annonce une bonne nouvelle aux pauvres. Une nouvelle inouïe : Dieu se fait homme pour que les pauvres deviennent non pas riches, ce qui serait juste un conte de fée. Dieu s’est fait homme pour que les pauvres deviennent Dieu. Voilà une bonne nouvelle ! Jamais on n’avait ramené les morts à la vie, jamais un homme n’avait parlé comme cet homme.
Nous sommes les successeurs de Jean-Baptiste. Nous annonçons cette bonne nouvelle : le Seigneur vient. Nous sommes les prophètes du Dieu vivant.