Homélie du frère Franck Guyen – Mardi 5 juillet 2022
Jésus a éprouvé de la pitié en voyant les foules abattues. Est-ce que cela vous est arrivé à vous aussi ? Quant à moi, j’ai éprouvé quelque chose d’analogue dans le quartier de Shibuya à Tôkyô au Japon.
— Ce quartier est renommé pour son animation : une foule de jeunes vont et viennent le long de rues débordantes de magasins de vêtements, de bars et de restaurants, tandis que des camions bardés de haut-parleurs déversent les chansons sirupeuses des groupes d’ « idoles », ces jeunes chanteurs/acteurs au look standardisé.
Je me sentais étranger à ce monde artificiel, conçu pour inciter la jeunesse à consommer. Quel monde plat, sans souffle, sans profondeur ! me disais-je. Quelle absence d’échappée vers le ciel, quel air anémié, quelle joie factice ! Où trouver la dimension verticale de l’intériorité et de l’élévation ? Quelle pitié que cette jeunesse s’étourdissant dans un monde préformaté !
Peut-être mon ressenti ressemblait-il à la pitié de Jésus dans l’évangile de ce jour.
— Le Christ n’en reste cependant pas à cette vision négative, il sait voir ce qui anime la jeunesse de Shibuya et qui cherche à percer : le désir d’une société chaleureuse, le désir de fraternité, d’amitié, d’amour, le désir de bonheur.
Le Verbe de Dieu aime ce monde malgré ses tares, il voit combien il peut être beau et bon, alors il quitte sa position de surplomb pour s’incarner tout entier dans le monde. Et sa croix, ancrée dans la terre et touchant le ciel, devient le lieu où se rencontrent en vérité le désir du monde et le désir de Dieu.
Seigneur, donne-nous des saints pour témoigner de ton Royaume dans ta création.