La joie céleste

Homélie du frère Benoît Ente – 24e Dimanche du Temps ordinaire – 11 septembre 2022

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Peut-être avez-vous vu le film Le sens de la fête ? Eh bien, on peut dire que Jésus, lui, il a le sens de la fête. Dans la parabole qu’il raconte aux pharisiens, on prend le temps, à trois reprises, de se rassembler pour se réjouir et faire la fête. Oui, il est question aujourd’hui de fête, de joie, et d’invitation à la fête. A travers ces trois petites histoires, Jésus veut nous faire goûter et désirer la joie qui est celle du Père et qui vient du ciel.

Réfléchissons aux moments dans notre vie où nous éprouvons de la joie. Par exemple, si je gagne dans un jeu concours un voyage en Martinique, si je réussis un examen ou si je bénéficie d’une promotion, je ressens de la joie. Mais est-ce de cette joie là dont nous parle l’Evangile ? 

Dans les trois récits, il y a une perte, une absence et un manque de quelque chose ou de quelqu’un qui est précieux, vital et même chéri. La joie surgit et inonde celui ou celle qui retrouve l’objet ou l’être perdu. Et on ne peut arrêter cette joie, elle se propage aux voisins, aux amis, aux serviteurs. Mais d’où vient-elle exactement ? Elle est en réalité la conséquence d’un puissant lien d’amour. Imaginez. Si le Fils aîné avait profondément aimé son frère cadet, ne se serait-il pas réjoui de le retrouver en bonne santé ? Quand on aime quelqu’un, on se réjouit de le voir guérir d’une maladie, sortir d’une mauvaise passe. On se réjouit de le voir vivre. L’amour chasse tout esprit de comparaison et de rivalité. La joie du berger comme celle du Père vient de leur amour que ni l’éloignement, ni l’ignorance/indifférence n’ont pu entamer. 

Mais qu’a-t-il manqué au fils aîné pour aimer son frère et partager la joie de son Père ? Peut-être aurait-il fallu qu’il prie plus souvent pour le retour de son cadet ou même qu’il parte à sa recherche. En le voyant revenir, sa prière aurait été exaucée, sa recherche comblée et il aurait rendu grâce à Dieu. Peut-être lui a-t-il aussi manqué de faire la fête de temps en temps avec ses amis. Franchement dit, s’il avait demandé un chevreau à son Père, pensez-vous qu’il aurait refusé ? La fête adoucit l’âpreté d’un rude travail. Et puis, alors qu’il se réjouissait avec ses amis, il aurait aussi vu le visage heureux de son Père et il aurait compris combien il était aimé de lui. Car c’est peut-être ce dernier point, le plus important, qui a manqué à l’aîné. Il ne connaît pas vraiment ce Père pour qui il travaille depuis tant d’années. Il n’a pas réalisé combien il était aimé de lui. Son Père essaie de le lui faire comprendre dans une dernière tentative pour calmer sa colère : « Toi mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. » Quand on sait qu’on est aimé à ce point, on craque, le regard change sur le monde et surtout on ne peut garder cet amour pour soi. Il déborde sur nos proches, nos amis, nos frères et sœurs, en particulier celui qui s’est égaré, celui qui est privé d’amour.

Aujourd’hui sœurs et frères, le Père nous invite à son banquet. Poussés par l’Esprit Saint nous sommes rassemblées autour de la table de l’autel pour participer au repas des noces de l’agneau. Le Père veut nous partager sa joie. La joie de vivre, d’être vivant ensemble et de recevoir cette vie de Lui. La joie de sentir le lien profond qui nous unit tous par delà les différences d’opinions et de parcours. La joie de célébrer celui qui était mort et qui est vivant à jamais pour notre salut et pour celui de l’humanité. La joie d’être aimé par un Père aux yeux duquel chacun de nous est infiniment précieux. Un Père prêt à nous attendre le temps qu’il faudra, si nous nous égarons. Attendre sur le seuil de son domaine que son fils nous attire à lui par son amour et nous ramène sur ses épaules. 

A la fin de notre célébration, vous serez envoyés en mission dans le monde pour répandre et partager l’amour qui nous vient du Père. Il a le don de transformer en joie tout germe de vie qui surgit dans cette époque troublée. Une joie céleste plus contagieuse que le covid, plus forte que la crise climatique. Cette joie est le signe d’un Dieu qui n’a pas abandonné son peuple et qui ne l’abandonnera jamais. Rendons grâce à notre Père qui reste fidèle. Il nous invite à son festin, mangeons du pain de vie, buvons à la coupe, il nous partage son amour et sa joie pour notre plus grand bonheur. Amen.

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