Le plus grand amour

Homélie du frère Jean-Pierre Mérimée – Dimanche 23 avril 2023

Dans les Actes des apôtres :« Le jour de la Pentecôte,
Pierre, debout avec les onze autres Apôtres,
éleva la voix et leur fit cette déclaration :
« Vous, Juifs… »

Quelle transformation dans le personnage de Pierre… Est-ce la même personne que celle qui venait de renier son ami 3 fois, qui s’était claquemuré dans une salle fermée à double tour au matin de pentecôte par crainte des juifs, et qui est présentée maintenant en véritable leader haranguant les foules ? L’explication se trouve dans le baptême dans l’esprit reçu le matin même, qui lui fait proclamer au sujet du Christ:  «  Cet homme, livré selon le dessein bien arrêté et la prescience de Dieu,
vous l’avez supprimé
en le clouant sur le bois par la main des impies. Mais Dieu l’a ressuscité
en le délivrant des douleurs de la mort,
car il n’était pas possible qu’elle le retienne en son pouvoir. »

La leçon à tirer de ce passage est que ce n’est pas Dieu, notre Dieu, le Dieu de la vie qui envoie Jésus à la mort selon un contre sens tellement fréquent qui fait qu’on ne peut plus rien comprendre ensuite au mystère de la croix. En réalité, c’est tout le contraire qui est attesté avec force: « Cet homme, Dieu l’a ressuscité », c’est cela la joie de Pâques, c’est cela le message à traduire dans toutes les langues, à traduire dans la vie de chacun de nous, qui croyons en la résurrection du Christ ; c’est cela la formidable espérance chrétienne qui va faire se lever tant de peuples, qui réveille notre foi aujourd’hui, lui donne une jeunesse renouvelée, une force décuplée.

Et Pierre finit sa harangue par ces mots :  « Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité ;
nous tous, nous en sommes témoins.
Élevé par la droite de Dieu,
il a reçu du Père l’Esprit Saint qui était promis,
et il l’a répandu sur nous,
ainsi que vous le voyez et l’entendez. »

Nous pouvons reprendre ces derniers mots sous forme de question pour aujourd’hui:  « Que donnons-nous à voir et à entendre à nos voisins de quartiers, nos amis, à l’observateur en quête de sens, à l’inconnu qui nous sollicite, également à cet intime de nous-même qui recèle encore tant de friches à évangéliser ? Une autre question à se poser également: Pierre emploie le « nous » collectif, le nous de la communauté, du peuple croyant, qui bannit tout individualisme, tout nombrilisme dans sa démarche. Quelle participation prenons-nous dans les multiples initiatives proposées par nos diverses communautés, à commencer par celles de ce couvent ? Nous n’aurons jamais fini d’arracher cette mauvaise herbe d’une piété égoïste dans notre démarche de foi, même s’il ne s’agit pas de verser dans le communautarisme pour autant.

L’évangile dit des pèlerins d’Emmaüs nous apporte l’illustration éclatante de ce qui est en jeu avec la mort-résurrection du Christ.

Il fallait que l’amour aille jusqu’à cette extrémité, affronter la violence, la trahison, l’abandon, la mort pour que nous découvrions que l’amour de Dieu est « le plus grand amour ». Si la religion chrétienne est une religion révélée, c’est pour que nous soyons capable de mesurer jusqu’où va cet amour de Dieu, qui est tellement au-dessus de ce qu’un être humain peut concevoir et rêver qu’Il fallait donc qu’il nous soit révélé. « Il fallait », comme une nécessité pour nous, que nous soyons capables de saisir la profondeur du mystère de cet amour ; ce n’est en aucun cas à traduire comme une exigence du Père à l’égard de son Fils.

Dire que les événements de la vie de Jésus « accomplissent les Écritures », c’est dire que sa vie tout entière est révélation en actes de cet amour du Père. La Résurrection de Jésus vient authentifier cette révélation que l’amour est plus fort que la mort. Comment ne pas avoir comme les disciples d’Emmaüs un cœur brûlant après une telle révélation ?

J’aimerai finir par cette anecdote, un message que m’envoie une jeune amie musulmane obligée d’interrompre le Ramadan à la suite de douleurs intenses et qui témoigne : « Je constate que dans la maladie on se rapproche encore plus de Dieu et donc, dans mon malheur, j’en ai tiré un bénéfice grandiose »

A mon tour je nous souhaite de tirer un bénéfice grandiose de la lecture des Écritures,que ce soit chez nous, à l’église, dans la vie. Que cela soit à la hauteur de l’événement grandiose que nous avons fêté à Pâque : Christ est ressuscité ! alleluia ! Alleluia !

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