Homélie du frère Philippe Verdin – lundi 24 avril 2023
Il est opportun d’entendre cet évangile (Jn 6, 22-29) dans le temps pascal. Car il pose la question : Qui est Jésus pour nous ?
Les gens de Tibériade, eux – comme les disciples d’Emmaüs – le verraient bien comme leur roi. Un roi, c’est un sage qui fait justice, un guide providentiel qui nourrit son peuple et prend soin de lui, un libérateur quand la terre est occupée par des envahisseurs. Jésus correspond pas si mal à cette définition.
Mais il résiste aux définitions. On ne peut pas le mettre sur le trône. Il n’est pas là où on l’attend, il ne fait pas ce qu’on attend de lui, on ne comprend pas bien ses paroles. Jésus n’est pas un roitelet pour la Judée. Il est roi de l’univers. Il n’est pas un homme providentiel, comme le général de Gaulle, il est le Fils de Dieu.
Que savons-nous de lui ? Ce que nous dit l’Ecriture. Mais encore ? Peu de chose en vérité. Nous ne savons rien sur son apparence physique, mais surtout nous ne pouvons pas mesurer ce qu’il est comme Dieu, ni même comme « Dieu fait homme ». Ça nous dépasse. Le mystère de sa divinité est irréductible à notre intelligence. Notre frère Thomas d’Aquin – qui a passé sa vie à décrire qui est Jésus – commence par dire : pour parler de Jésus, nous pouvons emprunter la voie d’éminence : Jésus est éminemment cela… (l’amour, l’obéissance, le don, la paix, la sagesse…) mais il n’est pas seulement cela. Il est au-delà de cela. On connait donc un peu Jésus, qui il est, mais pas du tout ce qui il est.
Posons-nous chacun la question : qui est Jésus pour moi ? Car dans le secret de notre cœur – quelle merveille ! – il nous révèle quelque chose de lui-même, par son amour.