Homélie du frère Nicolas Burle – Fête de saint Matthieu 21 septembre 2023
Dans l’église saint-Louis des Français se trouve un tableau admirable du Caravage présentant la vocation de saint Matthieu. Plusieurs interprétations de ce tableau sont possibles. Je vous laisse découvrir sur internet l’interprétation géniale de notre frère Raphaël dans Dimanche dans la Ville.
Le tableau se présente ainsi : un groupe de 5 hommes à gauche et le Christ et saint Pierre à droite. Le Christ désigne une personne assise à la table et l’appelle à le suivre. C’est l’épisode que nous venons d’entendre dans l’évangile.
Mais qui est désigné ? Un personnage au milieu de la table semble se montrer du doigt. Dans ce cas, c’est clair : Matthieu est celui qui a vu le Christ l’appeler. Il est très étonné de l’appel et se pointe du doigt pour demander confirmation. Est-ce moi ? C’est un récit habituel de conversion et de vocation : nous sommes tout étonnés de voir que le Christ nous appelle. Nous pouvons rendre grâce pour ce jour où nous avons été appelés et garder cette fraîcheur de l’appel en ne devenant jamais des âmes blasées, habituées.
Mais une autre interprétation est possible. L’homme au centre se désigne-t-il du doigt ou désigne-t-il un autre personnage ? L’étonnement est-il pour lui ou parce que le Christ appelle le personnage qui est le plus éloigné du Christ et le plus affairé à compter l’argent sur la table ?
C’est un autre récit de conversion et de vocation : bien souvent, nous avons été appelés par d’autres à suivre le Christ, à grandir dans la foi alors que nous n’étions pas du tout à l’écoute. Quelqu’un nous a appelés en nous disant : « Le Seigneur t’appelle. » Nous pouvons rendre grâce aujourd’hui pour ces personnes qui ont été importantes, peut-être même décisives sur notre chemin.
Dernier élément, Matthieu a été appelé à se lever alors qu’il était à sa table de publicain. Il lui fallait quitter cette table où Dieu n’était pas présent. Pour s’asseoir à une autre table, celle du repas avec le Seigneur, présent au milieu des pécheurs. C’est ce que nous sommes appelés à vivre maintenant en communiant à la table du Seigneur lui qui n’est pas venu appeler des justes mais des pécheurs.