Je suis la vigne

Homélie du frère Emmanuel Dumont – 5e Dimanche de Pâques – 28 avril 2024

Je suis

Je suis la vigne. Dans l’Evangile de Jean, Jésus aime dire « je suis ». Des « Je suis », on en compte 7 parfois. 7, ça fait mieux, ça met un peut de merveilleux dans l’évangile : Je suis le pain de vie (6, 35), la Lumière du monde (8, 12), la porte des brebis (10, 7), le bon berger (10, 11), ça, c’était la semaine dernière, la résurrection et la vie (11, 25), le chemin, la vérité et la vie (14, 6) et la vraie vigne. Par ces images, il nous aide à nous approcher de son mystère, de qui il est pour nous.

  Un tout organique

Je pense que si il avait prêché aujourd’hui, il aurait dit : « je suis la vrai voiture ». Aujourd’hui, c’est la journée des vieilles voitures, il parait, et il y en a une dans le parking… L’image de la voiture, elle fonctionne à la fois comme celle de la vigne et celle du chemin. C’est bien Jésus qui nous emmène.

Mais surtout, on sait bien qu’une voiture a besoin de toutes ses pièces pour fonctionner, comme un corps humain a besoin de tout ses organes pour fonctionner. Or c’est bien ce que saint Paul nous dit aussi : vous êtes le corps du Christ (1 Co 12).

Pourtant l’image est plus complexe que cela.

 La vigne de la nouvelle Création

Cette parabole, en plein discours d’adieu, entre deux annonces de l’Ascension et de la Pentecôte peut aussi être un récit de Création ou plutôt de recréation.

« Sans moi, vous ne pouvez rien faire » (15,5), dit Jésus, mais saint Jean l’avait déjà dit dans le prologue de son Evangile : « sans lui, rien ne fût ». Si la première Création nous fait « être », la nouvelle Création nous fait « faire ».

Un signe de cette nouvelle Création, c’est la vigne. La première vigne qui apparait dans la Bible, c’est celle que Noé plante après le déluge, comme une copie de l’arbre de la vie que Dieu avait planté dans l’Eden originaire. Mais voilà, cette vigne causera aussi son ivresse et la malédiction de son Fils. Dans cette Nouvelle Création, nous restons libre de faire le mal et le discernement du Bien reste essentiel.

  La vigne, partenaire et plus

La vigne, c’est important pour les hébreux. C’est le symbole du peuple juif et on la retrouve sur des monnaies juives de l’époque.

En Osée 10, c’est Israël, fidèle, qui porte du fruit et qui fait ainsi la gloire de Dieu.

En Isaïe 5, la vigne, c’est le peule hébreu dont le Seigneur prend soin, comme un vigneron.

Parler de la vigne, c’est parler des juifs pratiquants de l’époque. En Marc 12 aussi, avec la parabole des vignerons homicides, la vigne est ce qui compte aux yeux du propriétaire, ici de Dieu, qui envoie son fils pour venir s’en occuper, son fils qui sera mis à mort par les vignerons homicides.

Dans le Cantique des Cantiques, la vigne, c’est la bien aimée, le Seigneur fait plus qu’en prendre soin, il l’aime.

Alors à l’époque où les chrétiens se font exclure des synagogues, à l’époque où l’évangile de Jean est écrit, faire référence à la vigne, c’est se revendiqué dans le peuple élu.

Mais ici, en Jean 15, la vigne n’est plus un partenaire, dont Dieu s’occupe et que l’on protège. La vigne est Dieu fait homme : « je suis la vigne ». Dieu s’est fait de même nature que nous.

Et attention, il n’est pas le tronc et nous les branches, il est l’arbre et nous sommes les branches sur lesquelles poussent les fruits. Chacun d’entre nous et tous ensemble, nous sommes le Christ.

 La vigne qui porte du fruit

Un aspect beau et mystérieux de cette parabole, c’est que non seulement, nous demeurons en Christ comme les branches dans un arbre, mais qu’en plus, lui demeure en nous.

Il s’agit vraiment d’être connecté au Christ, chacun d’entre nous, et tous ensemble. Alors, comment faire ?

Pendant la multiplication des pains, Jésus avait déjà dit : « Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui. » tJn 6, 56)

Là, ce n’est pas ce qu’il dit. Il le dit un peu plus loin, et c’est aussi ce que disait la seconde lecture. Demeurer en Jésus, c’est garder (ou plutôt pratiquer) ses commandements : la foi en son nom et l’amour du prochain.

Et cette union marche dans les deux sens. Quand nous pratiquons vraiment l’amour de Dieu et du prochain, il y a une telle unité de volonté avec le Christ, que nos prières sont exaucées. Personnellement, je n’y suis pas encore.

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