Homélie du frère Jean-Pierre Mérimée – 4e Dimanche de carême – 17 mars 2024
Comme un grand soulèvement de la terre,
une terre en travail d’enfantement, en puissance de vie.
Une terre féconde, une terre qui porte du fruit..
Toutes ces images font écho aux lectures de ce jour pour exprimer notre foi au Christ sauveur, à sa puissance de résurrection, à sa nouveauté permanente, à son origine pourtant si petite: comme un grain de blé tombé en terre.
Le soulèvement de la terre, cette expression évoque le travail de germination du grain après qu’il ait été mis en terre, c’est l’image que Jésus prend dans l’évangile que nous venons d’entendre pour évoquer sa passion proche.
Le soulèvement de la terre :qui évoque pour nous le cœur de notre foi, la résurrection du Christ après sa mise au tombeau, qui renvoie au travail insistant , permanent, de l’Esprit à l’œuvre pour libérer l’Église de tout ce qui l’empêche de respirer, pour l’emplir à nouveau de son souffle libérateur, la dégager de ce qui assombrit cette joie partagée d’aimer à la suite du Christ.
l’Église doit être toujours en travail de se réformer pour rester fidèle à sa mission qui est de baptiser dans la mort et la résurrection du Christ.
Le prophète Jérémie évoque dans la première lecture de ce jour « une nouvelle alliance de Dieu avec son peuple »
La première alliance consistait à libérer le peuple de la servitude d’ Égypte.
La seconde alliance dont il parle sera plus profonde, elle va libérer chacun de nous du dedans, par un travail intérieur : « Je mettrai ma loi au plus profond d’eux mêmes, je l’inscrirai sur leur cœur : je serai leur Dieu et ils seront mon peuple… ils n’auront plus à instruire chacun son compagnon, ni chacun son frère en disant ; ‘apprends à connaître le Seigneur’ car tous me connaîtront des plus petits jusqu’aux plus grands ».
Le Christ est venu accomplir cette nouvelle alliance, il est venu, nouvel Adam, semence de l’Esprit saint déposée en terre humaine, pour rétablir la création dans sa beauté d’origine et donner à l’Église des baptisés la mission de l’annoncer au monde entier.
Aujourd’hui comme hier, mais avec plus d’insistance aujourd’hui où notre Église est très fortement secouée par de multiples scandales et par des tentations de
schisme, nous pouvons reprendre à notre compte le psaume 50 : « Crée en moi un cœur pur, renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit…ne me reprends pas ton esprit saint… rends moi la joie d’être sauvé ».
Dans le cadre des week end au couvent, nous avons réfléchi ensemble à la notion de synodalité et comment nous pourrions avancer, dans la diversité de nos engagements, vers la réalité d’une église qui rejoigne en vérité les aspirations les plus profondes du monde d’aujourd’hui dans la fidélité au Christ et à son message : « Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive, et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur » nous dit Jésus ce matin.
Et il précise tout au long de son évangile où on peut le trouver : dans le plus petit d’entre les siens, auquel il s’identifie, c’est le jugement dernier au chapitre 25 de l’évangile selon st Matthieu, ou dans le lavement des pieds de ses disciples, ou dans le pardon de la femme adultère, dans son accueil du publicain, dans son admiration de la foi de la cananéenne ou du centurion… dans la joie particulière des béatitudes.
Jésus est souvent là où on ne l’attend pas,mais il est toujours là pour ouvrir des chemins d’espérance dans le cœur de son peuple :
La démarche de synodalité – ensemble en chemin- en est un ; elle n’est pas réservée à quelques uns, mais à tout un peuple en recherche d’identité : chaque cellule d’église, chacun d’entre nous – il est permis de rêver- est convoqué pour apporter sa contribution au processus, certains le comparent à un nouveau concile, un nouvel aggiornamento auquel il nous est proposé, il nous est demandé d’être acteurs, c’est cela la grande nouveauté.
C’est ainsi qu’à l’issue des travaux de ce week-end , nous allons envoyer à mgr Le Boulc’h une liste de nos propositions, comme cela s’est fait et continue à se faire dans toutes les communautés d’Église du monde.
En octobre 2024 aura lieu la session conclusive des travaux de ce synode mondial. Prions pour que la semence porte du fruit pour le bien du peuple des baptisés et la prédication du Christ au monde entier. Amen