Homélie du frère Franck Guyen – Fête de la croix glorieuse – 14 septembre 2024
J’ai entendu des chrétiens se plaindre que leurs prêtres ne leur apprenaient pas à prier. Ce jour de la Croix glorieuse est pour moi l’occasion de répondre à leur attente.
Levez les yeux vers la croix et le corps de Jésus qui y est suspendu. Pourquoi cela ? parce que le Christ lui-même a demandé de le faire. C’est reposant de se dire : « Puisque tu l’as demandé, je le fais. À toi de jouer maintenant, moi, j’ai fait ma part ».
Vous regardez le Christ en croix, mais plus important encore, lui vous regarde d’en haut. Jésus n’est pas condescendant ni méprisant quand il vous regarde d’en haut, parce qu’il vous regarde d’en haut de la croix.
Est-ce que ça marche ? Personnellement, j’en ai fait l’expérience il y a une quinzaine d’années dans la chapelle des carmélites à Lisieux. J’étais assis en silence devant la croix, ni spécialement ému, ni spécialement tourmenté. Et tout d’un coup, de manière inexplicable, sans avertissement, je pleure.
Nous pouvons pleurer une personne disparue pour l’amour que nous aurions pu lui donner, qu’elle aurait pu nous donner. Nous pouvons pleurer de ne pas lui avoir dit que nous l’aimions, que nous lui pardonnions ou que nous lui demandions pardon.
Il n’en va pas de même quand nous pleurons Jésus sur la croix. Nous pleurons un homme qui, pour nous, s’est affronté au péché et à la mort, et qui l’a emporté définitivement pour nous à sa Passion et à sa Résurrection. Du haut de la croix, le regard du Christ ressuscité nous purifie, nous relève et nous élève à des hauteurs d’amour inaccessibles par nos propres forces. Alors nous pleurons des larmes de sel et de miel parce que nous nous sentons à la fois si peu aimables et en même temps tellement aimés. Alors notre cœur connaît la paix et le contentement du nourrisson qui a fini de téter et qui repose contre le sein de sa mère.
Chers frères et sœurs, levez les yeux vers celui que nous avons transpercé. Et surtout laissez-vous regarder par lui du haut de la croix. Est-ce que ça marche ? Faites-le et vous verrez.
Et s’il vous plaît, ne dites pas que les prêtres n’apprennent pas comment prier.
