Sur la terre comme au ciel

Homélie du frère Emmanuel Dumont – Dimanche 26 avril 2020

Imaginaire d’Extra terrestres

Cette semaine, je n’avais pas de réunion, alors j’ai regardé une série des années 1980 avec des extraterrestres. Deux épisodes par soir, ça marque l’imagination. Du coup, j’avais l’impression, non pas de vivre dans un couvent, mais dans une station spatiale, entourée d’extra terrestres, plus ou moins hostiles. Heureusement, dans StarTrek, tout le monde est gentil à un moment ou à un autre.

Autrement dit, à force d’être plongé dans un récit, je voyais la réalité avec les yeux du récit. Mais voir le monde à travers sur série, ça ne mène pas forcément très loin, quelque soit la qualité du scénariste.

Exercice

Normalement, un moine, voit plutôt la réalité à travers un autre récit, le grand récit que nous vivons avec Dieu, ce récit qui commence dans la Bible.

Et si on essayait de comprendre notre vie à partir des Ecritures, et pourquoi pas, du psaume 15 (vv.11-12) : tu ne peux m’abandonner à la mort ni laisser ton ami voir la corruption. Tu m’apprends le chemin de la vie : devant ta face, débordement de joie !

Oui, nous vivons une situation difficile. La maladie nous confronte à la mort et à la souffrance, personnellement, ou pour nos proches. Elle nous confronte au surmenage ou au chômage. Elle nous fait craindre le pire pour après : des crises économiques et géopolitiques terribles.

Et pourtant, Dieu ne nous abandonne pas à la mort, il ne nous laisse pas voir la corruption. Il nous donne la vie et il nous promet la joie. Comment ?

Comment y croire ? Et bien en relisant notre histoire sainte.

Pédagogie de Jésus

Jésus faisait lui-même cet exercice. Peut être qu’il a parlé du psaume 15 sur les chemins d’Emmaus lorsqu’il relisait les Ecritures avec eux : Dieu ne l’a pas laissé mourir, il l’a ressuscité, il l’a fait monté aux cieux où il voit le bonheur face à face.

Oui, les disciples n’y croyaient pas à la Résurrection. Et ils ont eu besoin d’un bon pédagogue, avec des arguments solides. En fait, ils avaient besoin des 1000 de pédagogie de Dieu, transmis par la Bible.

Mais, en fait, on ne sait pas ce que Jésus a dit aux disciples à Emmaus.

Interprété par la Bible

On peut quand même faire des hypothèses. Saint Luc est l’auteur de son Evangile et aussi des Actes des Apôtres. Or dans les Actes, on trouve de nombreux discours des apôtres, qui font comprendre la Résurrection grâce à une relecture de la Bible.

C’est justement ce que fait Pierre, à la Pentecôte, dans les Actes. Il cite le psaume 15 (vv.11-12) : tu ne peux m’abandonner à la mort ni laisser ton ami voir la corruption. Tu m’apprends le chemin de la vie : devant ta face, débordement de joie !

C’est grâce à ce psaume qu’il explique à la foule ce qui vient d’arriver : la mort, la résurrection et l’ascension du Christ. La vie du Christ, dont Pierre a été témoin, il la comprend à la lumière du psaume 15.

Ce n’est pas lui qui interprète la Bible, mais il se laisse interpréter par la Bible, comme aurait dit Ricoeur.

Quelle histoire ?

Il se laisse interprété par toute la Bible, pas seulement un passage.

En effet, pour dire que la résurrection était prophétisée, il s’appuie sur le psaume 110, qui dit « le Seigneur a dit à mon Seigneur, siège à ma droite » (le passage n’est pas dans la sélection liturgique). Le psaume de David ne s’adresse justement pas à David, qui, lui, est mort. Il s’adresse au Christ, qui est ressuscité. David n’est qu’un prophète qui nous indique une réalité future.

Comme prophète, David avait reçu l’Esprit Saint. Pierre, lui, l’a reçu comme apôtre.

En effet, il manque un autre passage du discours de Pierre dans notre texte. C’est celui dans lequel Pierre cite Joël qui prophétisait que l’Esprit viendrait sur toute chair.

En quelques mots, Pierre raconte non seulement l’histoire incroyable de Jésus mort, resuscité et monté au ciel, mais aussi son histoire, celle des premiers chrétiens qui ont reçu l’Esprit Saint à la Pentecôte.

A force de bien connaître l’Ecriture, il comprend et il montre que c’est une même histoire qui a eu lieu : la Pâques et la Pentecôte : le passage du Christ et le don de l’Esprit Saint.

L’histoire du Christ fait partie de notre histoire et inversement.

Dans nos vies

Et pour nous, que dit-il ce psaume 15 (vv.11-12) : tu ne peux m’abandonner à la mort ni laisser ton ami voir la corruption. Tu m’apprends le chemin de la vie : devant ta face, débordement de joie !

Et nous, comment interprétons-nous nos vies à la lumière de l’Ecriture. Quels sont les récits ou les versets que le Christ nous souffle à l’oreille pour que nous vivions de la résurrection ?

Est-ce quand nous admirons le printemps qui arrive ? quand nous contemplons une peinture ? quand nous voyons sourire un frère ? quand nous prions ? quand nous nous souvenons de l’histoire de Jésus ?

Action de grâce sur la Lune

Faisons nôtre ce verset et alors, nous pouvons rendre grâce, nous pouvons célébrer l’Eucharistie et faire entrer la Cité de Dieu dans notre quotidien.

C’est ce qu’à fait Buzz Aldrin, le compagnon d’Amstrong, quand il a marché sur la Lune. Ce presbytérien avait prévu avec lui du vin et du pain pour célébrer la sainte Cène. Et, seul, dans l’espace, le voilà qui rend grâce pour l’aventure qu’il est en train de vivre. Il vient de vivre un des plus grands rêves de l’humanité, et il sait prendre le temps de le remettre à Dieu, de revivre, comme à Emmaüs, cet instant de présence avec le Christ, en redisant ces paroles.

Alors, frères et soeurs, rendons grâce pour la Résurrection du Christ, par qui nous avons la route du bonheur. Rendons grâces pour toutes les petites résurrections de nos vies, et pour toutes celles que le psaume nous annonce. Célébrons l’Eucharistie.

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