On mange quoi ?

Homélie du frère Nicolas Burle – Mardi 28 avril 2020

« Il leur a donné à manger le pain venu du ciel. »

Frère Philippe Lefebvre m’avait dit un jour à Lille, il y a 10 ans, que nous pourrions lire toute la Bible avec cette clef de lecture : on mange quoi ? On boit quoi ?

Souvenons-nous d’Adam et Eve : dès la Genèse, la question de ce qu’on mange est… vital. Une question de vie ou de mort.

Ce pain venu du ciel qu’est-ce que c’est ? C’est la Manne « mann hou » qui est elle-même en hébreu ce « quoi », ce « qu’est-ce que c’est ? » Ainsi en mangeant la manne les Hébreux ont mangé aussi « qu’est-ce que c’est ? », « quoi ? », une question.

C’est donc que nos questions aussi nous font vivre et non uniquement les aliments. Les questions aussi sont existentielles.

Et celui qui vit sans questions ressemble au peuple, aux anciens et aux scribes face à Etienne : « ils poussèrent de grands cris et se bouchèrent les oreilles. » Vivre sans questions, n’est-ce pas être déjà mort ? N’est-ce pas tuer ceux qui veulent vivre ?

Qu’est-ce qui me nourrit ? Mais cette question est elle-même insuffisante. La question véritable est de passer du quoi au qui.

« Qui me donne à manger ? » « Qui me nourrit en vérité ? »

Car « Ce n’est pas Moïse qui vous a donné le pain à manger ; c’est mon Père qui vous donne le vrai pain venu du ciel. »

Le Père est le vrai nourricier. Jésus est le vrai pain. Et il se laisse manger pour donner la vie au monde, pour nourrir le monde par sa propre vie. Non seulement par ses paroles mais aussi par son corps glorieux réellement présent qui entre en contact avec mon être, au plus intime, dans la communion. Ainsi nous entrons chacun en contact réel avec cette vie nouvelle et éternelle du Christ ressuscité. Nous sommes peu à peu assimilés au corps du Christ glorieux. Evidemment pour vivre cela, il faut croire à la présence réelle du Christ dans l’eucharistie.

Voici alors que nous glissons vers une troisième question.

Qu’est-ce qui me nourrit ? Qui me nourrit ? Et maintenant : à qui suis-je donné en nourriture ?

À qui je donne ma vie ? Qui compte sur moi pour le nourrir par mes prières, par ma parole et par mes actes ?

Il faudra à Saul et la prière du saint Etienne et cette grande lumière révélant son aveuglement sur le chemin de Damas pour qu’il entre dans le chemin du salut à la suite du Christ.

Puissions-nous suivre le même chemin à la prière de saint Louis Marie Grignon de Montfort et de la Vierge Marie, elle qui a porté le pain de Dieu descendu du Ciel.

« Totus tuus ego sum et omnia mea tua sunt. Accipio Te in mea omnia. Praebe mihi cor tuum, Maria »

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