Saint Pie V

30 avril, mémoire de saint Pie V, pape

Michel Ghislieri est né en Lombardie en 1504 dans une famille pauvre. Très jeune il entre dans l’Ordre des Prêcheurs. En 1550 il est nommé commissaire général de l’Inquisition, sans doute à cause des traits de son caractère spirituel, classique et austère, fort éloigné de celui de Philippe Néri qui réussit à conquérir à la même époque le cœur des Romains. Ce dernier mit donc un certain temps à gagner la confiance du nouveau pape, fr. Michel Ghislieri ayant été élu à la charge de Successeur de Pierre en 1566 sous le nom de Pie V. Mais sous la sévérité de caractère de Pie V se cachait un réel amour de l’Église et une piété fervente envers la Vierge Marie.

Durant les six années de son pontificat (1566-1572), le pape Pie V s’appliqua à faire passer dans la pratique les décrets réformateurs du Concile de Trente (1563). Il promulgua le catéchisme du Concile (1566), ainsi que le Bréviaire (1568) et le Missel Romain (1570) qui devaient rester en usage durant quatre siècles. Au soir de sa vie Pie V allait devenir le pape du Rosaire : après en avoir défini la forme (Lettre apostolique, Consueverunt Romani Pontifices, 1569) il s’en fit le promoteur pour invoquer la protection de Marie dans les dangers et la guerre qui opposait les Turcs à l’Occident chrétien (bataille de Lépante, 1571). Pie V meurt le 1er mai 1572.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc. 22, 28-32 ; au propre de l’Ordre des Frères Prêcheurs) 

Jésus venait de manger la Pâque avec les Apôtres, il leur dit : « Vous, vous avez tenu bon avec moi dans mes épreuves. Et moi, je dispose pour vous du Royaume, comme mon Père en a disposé pour moi. Ainsi vous mangerez et boirez à ma table dans mon Royaume, et vous siégerez sur des trônes pour juger les douze tribus d’Israël. Simon, Simon, voici que Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le blé. Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères. »

« Soyez forts, prenez courage, vous tous qui espérez le Seigneur ! »

Il y a des paroles du Christ parfois si audacieuses, si ahurissantes qu’elles en deviennent incompréhensibles ou inaudibles. « Simon, Simon… quand tu seras revenu, affermis tes frères. » La lecture de ce dialogue entre le Christ et Simon-Pierre a suscité en moi la même incrédulité d’abord que celle de mon saint patron devant ses compagnons lui annonçant la Résurrection du Maître. Non, mais vraiment, c’est bien à Simon-Pierre que le Christ s’adresse ? Le même Simon-Pierre qui est prêt à se jeter à l’eau pour rejoindre Jésus mais qui, au premier coup de vent, s’écroule de peur (cf. Mt. 14, 22-33) ? Le même Simon-Pierre qui, le soir de la Passion du Christ, le renie trois fois ? C’est bien lui, Seigneur, que tu choisis comme chef du Collège des Apôtres et auquel tu demandes d’affermir les frères ? My Lord, are you kidding me ? Seigneur, tu plaisantes ? Oui, ce doit être une vaste blague… La même d’ailleurs qui te fera choisir 1300 ans plus tard, pour convertir les puissants du monde de son époque et unir ton Église, une certaine Catherine, jeune fille originaire de Sienne dont l’hystérie aurait du la conduire à l’asile ou au bûcher ; la même, 200 ans plus tard encore, qui te fera choisir pour succéder à Pierre à la tête de l’Église et mener à bien les réformes nécessaires un vieil inquisiteur austère alors qu’un joyeux drille dynamique comme Philippe Néri aurait aussi pu faire l’affaire… Seigneur, je ne comprends pas… Pourquoi constamment choisir ce qu’il y a de fou ou de faible pour changer le monde, convertir les cœurs ?

Face à cet appel pour Simon, première réaction, ce cri d’incrédulité. Mais, en méditant, et à bien y réfléchir, il faut bien admettre que cette parole adressée au disciple n’est pas celle d’un clown ou d’un humoriste, elle est celle du Fils de Dieu. Et Dieu a ses raisons que l’humaine raison ignore… Dieu choisit des Pierre, des Catherine, des Michel et c’est son droit. Et pourquoi il s’acharne à le faire ? Précisément parce qu’Il connaît chacun mieux que nous nous connaissons nous-mêmes. Il le fait non pas pour que nous nous complaisions dans notre faiblesse, mais par amour, pour que nous le laissions habiter en nous, pour qu’Il soit Lui, le Tout-Puissant, par son Esprit dont nous avons reçu le sceau, notre force, notre sainteté. Il sait sur qui il mise, que la réalisation de la mission à laquelle il nous appelle sera sans doute difficile, mais Il nous fait confiance : il suffit de nous ouvrir à sa grâce et lui fera le reste, avec nous, Il fera des merveilles ! Laisse Dieu être Dieu en toi…

Et pour permettre à Dieu de venir habiter en nous, je pense à deux moyens. La prière du Rosaire d’abord, qui n’est définitivement pas la prière de piété bigote que les positivistes ou les incrédules nous présentent mais qui est comme la prolongation de la lecture de la Parole : avec Marie, méditer tous ces événements, pénétrer les mystères de la vie du Christ pour qu’en nous, spirituellement, le Christ puisse prendre chair. Je pense enfin au mystère que nous célébrons chaque jour, l’Eucharistie. Oui, dans le même mouvement d’humilité qui l’a fait naître dans une mangeoire, Dieu, dans la célébration de ce sacrement se donne Lui-même, réellement, totalement, et à travers son Corps et son Sang, il vient faire sa demeure dans les vases d’argile que nous sommes. Alors, chers frères et sœurs, laissons-nous faire une fois encore, et ensemble, rendons grâce pour l’amour-fou du Seigneur.

Amen.

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