Homélie du frère Franck Guyen – Vendredi 8 mai 2020
Chers amis, aujourd’hui, alors que nous fêtons les martyrs d’Algérie, Pierre Claverie et ses dix-huit compagnons, je vous propose de méditer sur la haine du monde envers Jésus.
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Préparons d’abord le terrain en rappelant que ce n’est pas parce qu’on est haï par le monde qu’on est un disciple du Christ. « Le monde me persécute parce que je suis chrétien », dit le sociopathe. Mais non, le monde te persécute parce que tu es sociopathe, pas parce que tu es chrétien.
Rappelons que le fondateur de l’ordre des Prêcheurs, Dominique de Guzman (1170-1221), aimait tout le monde et tout le monde l’aimait : on peut donc être chrétien et aimé du monde apparemment.
Enfin, il est possible d’opposer le monde qui hait le Christ et moi qui l’aime : cette vision en noir et blanc est pratique pour juger et agir rapidement, mais gardons en mémoire l’existence d’une zone grise : le monde, pour une part petite mais réelle, aime le Christ, et il y a en moi une part, petite mais réelle, qui hait le Christ – je parle pour moi, à vous de voir de votre côté.
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Après ces éclaircissements préparatoires, passons si vous le voulez bien à la question que je me suis posée en préparant la méditation : pourquoi le monde hait Jésus ?
Je dirai que c’est parce que Jésus est libre par rapport à toutes les puissances d’enchaînement de ce monde : désir terrestre d’avoir, de pouvoir et inversement crainte de ne pas avoir, de ne pas pouvoir.
Obéis à la Torah, dit l’autorité religieuse, et la foule qui suit renchérit.
Non, dit Jésus, j’obéis d’abord à mon Père.
Reste avec nous et nous te ferons roi, dit la foule qui a mangé à satiété au désert.
Non, dit Jésus, ma royauté n’est pas de ce monde.
Agenouille-toi devant moi et je te donnerai pouvoir sur toutes les nations, dit le diable.
Non, dit Jésus, je ne m’agenouille que devant Dieu.
Oui, Jésus est libre par rapport à toutes les puissances de ce monde, qu’elles soient sous terre, sur terre ou au ciel – et cela, les puissances de ce monde ne le supportent pas. Alors elles ont essayé de le lier sur la croix, en vain : Jésus était lié à son Père par un lien si fort que même la mort ne pouvait le trancher.
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Mes amis, demandons au Ressuscité de nous apprendre sa liberté, celle de quelqu’un qui est tellement lié à Dieu qu’il ne peut vouloir que ce que ce que veut Dieu.
Alors, à la différence du sociopathe de tout à l’heure, nous serons capables de nous laisser lier par le monde sans crier vengeance, dans la douceur et la patience, comme Jésus qui s’est laissé lier par les miliciens du Sanhédrin au jardin de Gethsémani : lui qu’aucun lien terrestre ne pouvait attacher, il s’est laissé attacher sur la croix par amour pour son Père et pour le monde. Voilà ce qui le liait réellement, voilà la source de sa liberté par rapport à toutes les puissances de l’ordre créé.