Tu aimeras ton prochain…

Homélie du frère Maurice Billet – Mardi 16 juin 2020

Depuis plusieurs jours nous lisons le chapitre 5 de l’évangile selon Matthieu. Ce chapitre constitue avec le chapitre 6 le premier des 5 grands discours que Matthieu attribue à Jésus. Il est un joyau de l’histoire religieuse universelle, selon les exégètes.

« Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien ! moi, je vous dis : aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent … »

Comment pouvons-nous haïr ceux que nous classons comme ennemis, quand Dieu se conduit envers eux comme un Père et dispense à tous, sans discrimination, les biens de sa création ? Aimer l’ennemi, c’est, en vrai fils, se modeler sur l’agir du Père. Prier pour le persécuteur, c’est une forme d’amour ouverte sur l’espérance d’un changement et qui laisse à Dieu seul le soin de juger l’autre. La justice nouvelle dépasse de loin le rapport banal du « donnant donnant ».

Il faut bien convenir que l’amour des ennemis n’est pas identique à l’affection portée aux membres de nos familles, de nos amis, de notre conjoint. Ni de l’amitié que l’on porte à un égal, ni davantage de l’amour-passion.

En préparant cette homélie, j’ai trouvé de belles citations que je vous partage.

« À la force physique, nous répondrons par la force de nos âmes. Faites de nous ce que vous voudrez, et nous continuerons à vous aimer. Jetez-nous en prison et nous vous aimerons encore. » Martin Luther King.

« L’absence de haine n’implique pas l’absence d’une indignation morale. Mais pourquoi devions-nous choisir toujours la voie la plus facile, la plus rebattue ? Au camp, j’ai senti de tout mon être que le moindre atome de haine ajouté à ce monde le rend plus inhospitalier encore. » Etty Hillesum

Un texte rabbinique dit ceci : « Un seul jour de pluie a plus d’importance que la résurrection des morts puisque celle-ci ne concerne que les justes et pas les méchants. Alors que la pluie tombe pour tous, les justes et les injustes. »

Détruire ses ennemis en faisant d’eux des amis par la prière. Porter l’ennemi dans la prière est une façon de mettre le Christ entre lui et moi. Pour arriver, au bout du chemin, à parvenir à l’aimer et à le bénir. Ill s’agit d’avoir de l’estime et de la bienveillance pour l’ennemi, de le manifester par des gestes et des paroles. Brisons la logique circulaire de la violence.

« Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. »

Il s’agit pour nous à imiter l’agir divin. Luc, dans le texte parallèle : soyez miséricordieux. Luc utilise un autre attribut divin : la compassion, la miséricorde. Déjà, dans le livre de l’Exode, Dieu se présente comme « Dieu compatissant et plein de pitié. »

La charité, l’amour du prochain n’a pas d’autres limites que la bonté du Père des cieux qui fait lever son soleil sur les bons comme sur les méchants. Refusons toute discrimination : bons et méchants, justes et injustes. Aimer son prochain, non pas parce qu’il est aimable, mais parce qu’il est aimé de Dieu.

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