Serait-ce moi Seigneur ?

Homélie du frère Maurice Billet – Mercredi saint 31 mars 2021

Le Mercredi lors de la messe à la Résidence Sainte-Marthe, le 8 avril dernier, le pape François a déclaré que le mercredi saint est le «mercredi de la trahison». Hier, il était déjà question de trahison, dans le récit de l’évangile de Jean. Aujourd’hui, il s’agit de celui de Matthieu. L’ambiance du dernier repas du Seigneur avec ses disciples est très lourde.

Quand Jésus annonce que l’un des disciples le livrera, ceux-ci s’interrogent : ils ne demandent pas à Jésus de donner un nom. Ils se regardent tous. Chacun d’entre eux pose à Jésus la même question : « Serait-ce moi, Seigneur ? »

Jésus indique seulement que c’est celui qui s’est servi en même temps que lui. C’est un indice peu précis. Car chaque convive se sert dans un plat qui est commun. C’est Judas qui pose la question à Jésus : est-ce moi ? La réponse de Jésus est de dire : « C’est toi, même, Judas, qui te dénonce. »

Nous connaissons la suite de l’évangile. Les disciples ne sont pas parfaits. Ils abandonneront Jésus, au moment de son arrestation, de son procès et de sa mise en croix.

Mettons-nous devant Jésus sur la croix. Il est entouré de deux malfaiteurs

L’un demande au Seigneur de se souvenir de lui, quand il sera dans son royaume. L’autre ne dit rien. C’est le mauvais larron. Il ressemble à Judas. S. Augustin écrit ceci au sujet de Judas : Si quelqu’un tombe dans le crime, qu’il ne désespère pas. Ce qui a perdu définitivement Judas, ce n’est pas le crime qu’il a commis. C’est d’avoir désespéré de la clémence divine. Il estimait qu’il n’était pas digne de la miséricorde.

Benoît 16 parle de Judas, à propos de son destin éternel, sachant que Judas, pris de remords, en voyant Jésus condamné, rapporta les 30 pièces d’argent aux chefs des prêtres et aux anciens. Il leur dit : « j’ai péché en livrant à mort un innocent. » Bien qu’il se soit éloigné pour aller se pendre, ce n’est pas à nous qu’il revient de juger son geste, en nous substituant à Dieu infiniment miséricordieux et juste.

Quant à Pierre, lui aussi renia Jésus. Mais il reconnaît sa lâcheté. Il s’effondre en larmes, il pleure, il reçoit le pardon divin. Il accomplit la mission qui lui a été confiée par le Christ : propager la Bonne Nouvelle jusqu’à Rome

Seigneur, serait-ce moi ? Le pape François nous invite à regarder en nous-mêmes, pour prendre conscience du « petit Judas qui est à l’intérieur de nous ». Chacun de nous est capable de trahir, de choisir ses propres intérêts et de se laisser attirer par le bien-être personnel.

Le bon larron, c’est Pierre, c’est tous les disciples, c’est chacun d’entre nous. Comme Pierre nous renions le Seigneur par nos fautes, notre péché. Mais soyons comme Pierre, capables de rester en confiance dans la miséricorde. Aucun péché ne résiste à celui qui est toute miséricorde, lui le maître de la miséricorde.

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