Homélie du frère Nicolas Burle – Dimanche 20 juin 2021
C’est l’histoire de la traversée du volontaire Dom&Go. Il était parti plein d’allant, il faisait encore jour. C’était l’aventure. Il y avait d’autres barques autour de lui, d’autres volontaires qui s’apprêtaient à partir en mission. Le soir approchait mais cela ne l’inquiétait pas trop. Les premiers instants sont toujours grisants : la découverte, l’air du large, tout est nouveau.
Et les premiers vents se sont levés : quelques vagues-à-l’âme l’ont un peu déstabilisé. La côte si familière qui commence à s’éloigner dans la pénombre. Et la tempête survient. Qu’est-ce que je fais ici ? J’étais en sécurité sur le bord, pourquoi suis-je parti au loin ? Que voulais-je prouver à moi et aux autres ? Et pourtant il y avait cette voix en moi qui me disait : « Passons sur l’autre rive. » Alors que vais-je faire avec ma bonne volonté ?
Bénie soit cette tempête qui nous réveille et nous tient éveillés. Qui nous apprend à réveiller notre capitaine, lui qui a été oublié sur son coussin dans le quotidien tranquille sans gros nuages où tout roule jusqu’à ce qu’un jour tout coule.
Mais ne nous y trompons pas ! Ce n’est pas parce que le capitaine dort que c’est la tempête dehors mais c’est parce que nous avons laissé dormir le capitaine que nous sommes en train de couler. Alors il est temps de crier effectivement : « Maître, nous sommes perdus. » Et parce que bien souvent nous sommes ingrats avec le Seigneur qui est pourtant présent à chaque instant, nous ajoutons avec un ton de reproche : « Cela ne te fait rien ? »
« Pourquoi sommes-nous si craintifs ? N’avons nous pas encore la foi ? »
Être croyant et vivre avec Dieu n’évite pas les tempêtes.
Mais qui est le plus puissant : Dieu ou les tempêtes ?
Cependant il est des tempêtes si fortes qu’elles nous affolent, nous engloutissent, nous abîment. Tout allait bien et voici que survient la grande tempête avec ces lourds nuages noirs que rien n’annonçait et qui craquent d’un seul coup. On se croyait fort et l’on est dépassé. On se croyait à l’abri et les vagues se jettent sur notre barque. On croyait pouvoir tout traverser et c’est l’impasse.
Cher volontaire, regarde bien. Elle tangue fort mais elle ne coule pas cette barque au milieu de la mer. Ne fuis pas la tempête en te jetant à l’eau, reste dans la barque du Christ qui est l’Eglise et accroche-toi à la croix qui vient de surgir dans ta vie. Accroche-toi, comme saint Dominique s’accrochait à la croix : jusqu’à ce qu’elle te porte, cette croix, solidement plantée au milieu de cette barque.
Attache-toi à la croix et traverse en te fondant sur la promesse du Seigneur : « Passons sur l’autre rive ». Il a promis que nous allions traverser. Alors que le soir tombait, alors qu’il fallait passer dans la nuit. C’est la tempête certes mais Jésus est bien là au milieu de ses disciples. « Qui est-il donc celui-ci pour que même le vent et la mer lui obéissent ? »
Oui, qui est le plus puissant : Dieu ou la tempête ?
« Passons sur l’autre rive » Ce n’était qu’une promesse de quelques mots mais tu l’as crue. Tu pensais Jésus endormi dans la mort et voici que devant toi Jésus s’est levé au cœur de la nuit, au cœur de la mort, et il est passé et il se fit un grand calme. Jésus a traversé la mort et il est ressuscité. Sur lui la mort n’a plus aucun pouvoir. Jésus est vivant et il va se donner à nous dans cette eucharistie pour que nous vivions de sa vie plus puissante que la mort.
Chers volontaires Dom&Go,
Que le Seigneur Jésus vous accompagne dans votre traversée et vous mène à bon port jusqu’au jour où vous reviendrez à Lille pour témoigner.
Pendant votre traversée, il y aura des nuits et des doutes, des tempêtes et des vagues.
Mais n’oubliez jamais que vous avez accroché votre vie à une étoile.