Homélie du frère Nicolas Burle – Dimanche 5 septembre 2021
Pour rappel dans l’épisode de la semaine précédente, le frère Raphaël nous a tous invités à trois actions pour cette année : 1. Combattre résolument la tentation. 2. Se donner des moyens concrets cette année de se former et de progresser pour suivre le Christ. 3. Choisir de demeurer avec le Christ. Pas à côté, comme dans le train où nous sommes les uns à côté des autres, mais être avec lui. Faire équipe avec lui.
Voilà ce que nous faisons pour Dieu. Et donc cette semaine, le Seigneur nous offre son programme de rentrée : il veut que nous le laissions faire ce qu’il veut en nous. Quel est son programme ?
Les yeux des aveugles se dessilleront. Les oreilles des sourds s’ouvriront.
Le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie.
Pour que vous ayez bien compris l’enjeu, je vais vous faire répéter.
Comment appelle-t-on un homme qui ne peut plus voir ? Un aveugle.
Comment appelle-t-on un homme qui a perdu la capacité d’entendre ? Un sourd.
Comment appelle-t-on un homme qui a perdu la capacité de marcher de façon droite ? Un boiteux.
Comment appelle-t-on un homme qui ne parle plus ? Un muet.
Et comment appelle-t-on un homme aveugle, sourd, boiteux et muet ? Un chrétien qui ne se confesse plus.
La confession… Pour beaucoup de chrétiens, c’est tellement difficile d’aller se confesser qu’ils ont toujours plein d’excuses pour ne pas le faire. « Pas le temps », « J’ai trop peur », « ça existe encore ? »
Mais mes préférés sont ceux qui ont inventé la confession sans se mouiller. « Mon Père, j’ai peut-être parfois un peu été impatient. » Et si tu supprimais peut-être, parfois et un peu ? Alors tu commencerais à te confesser.
Autre fausse confession : « Mon Père, je me confesse de ne pas aimer assez. »
Mais pas assez par rapport à quoi ? Par rapport à Mère Térésa ? Oui en effet…
Tu n’aimes pas assez par rapport à l’idéal que tu as de toi-même. Mais en fait, tu ne te confesses pas, tu regrettes simplement de ne pas ressembler à ton idéal. Où est le péché ?
Le péché, ce n’est pas regretter de ne pas être quelqu’un d’autre. Le péché, c’est choisir de ne pas aimer. Volontairement, librement, consciemment. Je suis fait pour aimer. J’avais le choix d’aimer et j’ai choisi de ne pas aimer. Volontairement, librement, consciemment.
J’ai choisi de fermer les yeux sur mon péché et je suis devenu aveugle.
J’ai choisi de ne pas écouter d’autres personnes que moi, moi, moi et je suis devenu sourd. Plus personne n’a le droit de me parler pour me dire la vérité, me voilà devenu le pire des sourds.
J’ai choisi de ne plus marcher sur le droit chemin et je boite car je ne fais que tomber encore et encore.
J’ai choisi de ne plus demander pardon ni de pardonner et je suis devenu muet. Je rumine mes rancunes jusqu’à en avoir la bouche pleine.
« Mon Père, je suis tellement impatient que je me mets en colère dès que quelque chose ne va pas à mon rythme. » Voilà une vraie confession qui permet de nommer le mal pour qu’il soit arraché de mon cœur.
Pour information, il est possible de se confesser tous les jours de 15h à 18h à l’église saint-Maurice près de la gare Lille-Flandres. Au couvent, il suffit de prendre rendez-vous avec un frère à la fin de la messe.
« Oui mais mon Père, je confesse toujours les mêmes péchés. Je ne m’en sors pas ! »
Je ne m’en sors pas parce que je ne crois pas à la grâce. Je reçois l’absolution et juste après, je retourne au combat, mais seul. Sans Dieu. Sans la grâce de Dieu. Et je m’étonne de subir à nouveau défaite sur défaite. À quoi est-ce que cela sert d’écouter des dizaines de récit de guérison dans les évangiles, dimanche après dimanche, jour après jour, si nous ne croyons pas que Dieu peut nous guérir ? Si nous ne croyons pas que Dieu est plus puissant que notre péché ?
Combattre résolument le mal, cela signifie croire que Dieu a déjà vaincu le mal dans le monde et dans ma vie.
Combattre résolument le mal, cela signifie appeler Dieu au secours dans mon combat.
Dernière objection, beaucoup d’anciens parmi nous ont, semble-t-il, assez souvent vécu des traumatismes au sujet de la confession avec des prêtres durs comme pierres. J’en suis vraiment désolé. Je suis sincèrement désolé que la confession n’ait pas été pour vous le lieu de la découverte de la miséricorde mais une expérience de jugement et de condamnation. Seulement, si c’est arrivé il y a 10, 20 ou 50 ans, est-ce qu’il n’y aurait pas prescription maintenant ? Allons-nous nous priver de la miséricorde parce qu’un chrétien n’a pas été miséricordieux avec nous ?
Un frère me disait un jour qu’il faudrait souhaiter quelque chose aux chrétiens à chaque homélie. Alors je fais un souhait non pas pour vous mais pour la communauté. Avec la rentrée, nous commençons à être débordés par des réunions en tout genre. Je fais le souhait que cette année, grâce à vous, nous soyons plutôt débordés par les confessions.