Homélie du frère Yves Habert – Messe du jour de Noël – 25 décembre 2021
« Dieu personne ne l’a jamais vu. » Jean 1, 1, 18
Un sermon raté de Noël consisterait à faire la morale en stigmatisant les cadeaux. Or, je me suis baladé avant-hier dans les rues du vieux Lille et les personnes ne regardaient pas les vitrines pour une bonne affaire, comme lors des soldes. Car ils pensaient à la personne à qui ils allaient offrir un cadeau. Ne pas négliger ce premier pas d’un amour très humain. Sainte Thérèse de Lisieux souhaitait “faire plaisir”. C’est-à-dire, pour elle, penser à l’autre comme à travers Dieu. Enfant, on me disait que c’était le petit Jésus qui offrait les cadeaux de Noël. Sans doute naïf, mais, plus profondément, l’expression d’un « je t’aime comme à travers Dieu ». Car ce regard ne reste pas à la vision superficielle de la personne, mais descend au cœur de son mystère.
Nous avons entendu le Prologue de l’Évangile de Jean, un très grand texte de la Bible. Comme ce Fils devient l’un de nous le Père nous voit donc à travers son Fils. Le Père nous regarde naître, grandir, souffrir comme à travers son Fils fait homme. N’oublions pas ces deux dimensions de Noël, les conjoindre dans un échange : regarder les autres à travers Dieu et accueillir ce regard de Dieu sur nous à travers son Fils.
Nous allons entendre beaucoup de discours politiques cette année et c’est très bien. De nécessaires discours sanitaires aussi. Des personnes vont s’engager pour les autres. Et notre mission est de regarder le monde à aimer que Dieu veut sauver en le transfigurant. Sans doute que l’Église doit arrêter de se regarder elle-même pour poser un regard d’amour sur ce monde. Le monde ne s’en rendra sans doute pas compte, mais il s’en trouvera mystérieusement enrichi et nous, cela nous rendra heureux ! Joyeux Noël !