Homélie du frère Franck Guyen – vendredi 10 février 2023
Jésus fait œuvre de potier, comme son Père
Une approche croyante voit dans la Bible un grand texte tissé de textes différents mais tous inspirés par le même Esprit de Jésus ressuscité. Nous héritons dans ce grand texte des couches successives laissées par les générations successives, chacune reprenant et poursuivant à sa manière ce que ses prédécesseurs avaient dit de leur expérience du Dieu de Jésus Christ.
Ainsi, pour moi, la page d’évangile de ce jour entre en résonance avec le second récit de création dans le livre de la Genèse où Dieu fait œuvre de potier : il façonne avec l’argile humide une figurine, puis il lui insuffle une « haleine de vie » et la figurine alors de s’animer.
De même, Jésus humidifie par sa salive le sourd-muet, fait d’argile comme son père Adam, littéralement le « glaiseux », il le façonne avec ses doigts et lui aussi émet un souffle quand il soupire. Le sourd-muet se met alors à entendre et à parler, à s’animer.
Jésus fait œuvre de potier comme son Père, mais pourquoi reprend-il l’œuvre de son Père ? Parce qu’entretemps le premier couple a introduit le péché dans le monde en doutant de la bonté divine : désormais l’homme a perdu l’image et ressemblance avec Dieu reçue à l’origine et Jésus vient remodeler l’homme pour lui redonner son intégrité, pour le reconfigurer à Dieu.
Je conclurai sur deux considérations pratiques.
Je suis frappé par l’importance de la dimension corporelle dans le récit qui parle de salive, de doigts dans les oreilles. Dieu vient nous sauver dans toutes nos dimensions, y compris la dimension corporelle ; son salut s’adresse au tout que nous sommes, corps et âme, et c’est ce tout qu’il refaçonne. Comme Pierre, nous avons à laisser Jésus laver nos pieds sales.
Enfin, prolongeant la métaphore du potier, je rappelle que le potier n’a pas fini son œuvre quand il a modelé son vase. Il reste encore à le passer au four. Mes amis, laissons-nous refaçonner à l’image et ressemblance de Dieu afin d’être prêts à passer au four de l’amour divin.