« Miroir, joli miroir, dis-moi qui est la plus belle »

Homélie du frère Franck Guyen – Mardi 21 février 2023

L’évangile d’aujourd’hui nous fait voir un aspect peu reluisant de la garde rapprochée de Jésus. Ils discutent dans le dos de Jésus pour savoir qui est le plus grand. Pas : « Qui est grand ? », mais : « Qui est le plus grand ? ». Autrement dit, ils sont dans la comparaison, la compétition, la rivalité et voilà pourquoi ils se taisent quand Jésus les interroge : ils l’ont assez fréquenté pour savoir que ce rapport conflictuel n’est pas digne des disciples du Christ.

Cet affrontement me semble représentatif du comportement masculin, il est certainement lié au taux élevé de testostérone dans le sang des garçons. Les filles se posent sans doute la question de savoir qui est la plus belle. Pas : « Qui est belle ? » ; mais : « Qui est la plus belle ? ». « Miroir, joli miroir, dis-moi qui est la plus belle » demande la méchante reine, et elle réagit par la violence face à la concurrence de Cendrillon.

Cette rivalité provient à mon avis d’un centrage sur soi déplacé : moi, moi, moi, je veux être le centre du monde, je veux que tous les autres gravitent autour de moi, et je déteste ceux qui contrarient ma volonté.

Pour prendre une image tirée de l’astronomie, ce serait comme une planète qui voudrait être au centre de l’univers avec toutes les autres planètes tournant autour d’elle.

Que la planète apprenne à être humble, qu’elle se rende compte qu’elle reflète la lumière mais que ce n’est pas elle qui la produit, qu’elle se rende compte que le centre est déjà occupé et qu’elle-même avec toutes les autres planètes tournent autour de ce centre qui n’est pas une planète mais une étoile. Certes, il y a des planètes plus proches et d’autres plus éloignées du soleil, mais toutes ont leur place dans le ballet cosmique et les planètes les plus proches – si l’on file la métaphore – ont le devoir de se soucier de celles qui reçoivent moins de chaleur, moins de lumière.

Mes frères et sœurs, nous sommes appelés à une conversion du cœur qui est un décentrement : passer du « moi face aux autres, contre les autres » au « moi avec les autres, soucieux des autres, et en particulier du plus petit ».

La garde rapprochée de Jésus vivra cette conversion quand elle verra Jésus arrêté et exécuté par les hommes avant d’être ressuscité par Dieu. Puissions-nous aussi fait l’expérience de cette conversion, afin de devenir de dignes disciples du Christ.

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